
Freddie Quel revient de la guerre dans le Pacifique légèrement perturbé. Enfin plus que légèrement… Instable et violent, il semble partie pour une vie d’errance et d’expédients. Un soir, complètement saoul, il s’embarque clandestinement sur un bateau. Le navire a été loué par Lancaster Dodd, le chef spirituel d’un mouvement appelé la Cause. Ce dernier va prendre Freddie sous son aile… ou plutôt en faire un cobaye.
Aux Etats-Unis, The Master a beaucoup fait parler de lui car l’histoire est largement inspiré par celle du fondateur de la scientologie. Ceci n’a évidemment guère plu à la secte qui a fait enfler la polémique. Paul Thomas Anderson a eu beau contester le parallèle, il est pourtant évident. Si les péripéties du film sont purement fictives, elles font tout de même écho à des situations bien réelles présentes et passées.
Que l’on considère ce film comme une pure fiction ou non, il souffre d’un grave défaut qui m’a laissé en dehors de l’histoire tout du long. Et quand un film dure 2h17, tout du long, c’est très long ! Le personnage principal a certes de bonnes excuses pour être quelque peu perturbé, mais il est avant tout hautement antipathique. Du coup, on a bien du mal à ressentir une forte empathie face à son parcours et tout ce que le gourou va lui faire subir. Peut-être que je n’ai pas de cœur, mais j’avoue que ce film ne m’a tout simplement pas touché. Et vu la nature de l’histoire, cela conduit forcément à un désintérêt certain.
Un autre défaut de The Master est son aspect purement descriptif, pour ne pas dire contemplatif. Certes, Paul Thomas Anderson cherche à dénoncer par l’exemple, mais il ne nous livre pas réellement de point de vue. On peut y voir une force car cela oblige le spectateur à arriver à ses propres conclusions, sachant qu’il a peu de chance de se dire « oh quel chic type ce gourou ! » . D’un autre côté, cela confère à ce film un rythme assez monotone où les évènements s’enchaînent sans sembler nous mener où que ce soit.
Paul Thomas Anderson réalise de toute façon des films qui laissent rarement indifférent (et qui sont généralement assez longs). Personnellement, j’étais plutôt fan, surtout de Punch Drunk Love et There Will Be Blood. En fait, The Master m’a fait la même impression mitigée que Magnolia, que j’avais déjà trouvé particulièrement maîtrisé artistiquement, mais développant un propos qui m’avait personnellement laissé largement indifférent. En fait, la réalisation est peut-être justement trop parfaite, trop académique, pour ne pas dire trop lisse.

Autant le dire, The Master m’a déçu. Un film trop long, trop froid, qui laisse trop le spectateur en dehors de l’histoire pour qu’il puisse vraiment l’apprécier.
Fiche technique :
Production : The Weinstein Company JoAnne Sellar, Ghoulardi Film Company, Annapurna Pictures
Distribution : Metropolitan Filmexport
Réalisation : Paul Thomas Anderson
Scénario : Paul Thomas Anderson
Montage : Leslie Jones, Peter McNulty
Photo : Mihai Malaimare
Décors : Jack Fisk, David Crank
Musique : Jonny Greenwood
Durée : 137 mn
Casting :
Joaquin Phoenix : Freddie Quell
Philip Seymour Hoffman : Lancaster Dodd
Amy Adams : Peggy Dodd
Laura Dern : Helen Sullivan
Jesse Plemons : Val Dodd
Rami Malek : Clark