ALCESTE A BICYCLETTE : Misanthrope²

alcesteabicycletteafficheN’ayant pas pu aller voir Django Unchained pour cause de séance complète, je me suis rabattu sur Alceste à Bicyclette. Je préfère vous prévenir, il y a nettement moins d’action. Le duo d’acteurs qui se partagent l’affiche m’avait donné envie, même si j’avais un peu peur que cela finisse en cabotinage insupportable. Au final, il fonctionne plutôt bien. Mais il reste bien des défauts à ce film pour un résultat final plutôt moyen.

Gauthier Valence connaît un grand succès dans son rôle de chirurgien dans une série télévisée. Il rêve néanmoins de montrer une pièce de théâtre, le Misanthrope de Molière. Il souhaite avoir à ses côtés sur scène Serge Tanneur, avec qui il a tourné plusieurs films. Le seul problème est que ce dernier vit désormais reclus sur l’Ile de Ré. Mais comment pourrait-il refuser un rôle qui lui ressemble tant ?

Le premier problème de Alceste à Bicyclette est un réel manque de rythme, causé par trop d’éléments inutiles qui n’apportent rien, mais ralentissent constamment l’intrigue principale. Les personnages secondaires sont notamment trop absents, trop mal utilisés pour que leur intervention soit vraiment justifiée et pertinente. Le meilleur exemple reste la jeune fille qui débute une carrière dans le X, intervenant dans une scène totalement superflue dont on cherche encore l’intérêt. Bref, Philippe Le Guay n’a pas su choisir entre un vrai enrichissement par des intrigues secondaires à la réelle épaisseur et un choix assumé de se concentrer uniquement sur les deux protagonistes principaux. Comme souvent, l’entre-deux ne donne rien de bon.

Le deuxième problème d’Alceste à Bicyclette est que l’intrigue principale en question ressemble plutôt à un simple prétexte au cabotinage des deux acteurs vedettes. Certes, ils le font au final très bien, j’y reviendrai, mais cela aboutit à une conclusion qui n’arrive pas à donner un sens et un intérêt à l’ensemble. On reste un peu sur notre faim car on avait appris à aimer les deux hommes et aurait vraiment apprécié de voir leur performance récompensée par une fin plus convaincante.

Troisième problème, qui découle d’ailleurs quelque peu des deux premiers, est qu’Alceste à Bicyclette n’arrive pas à choisir entre la franche comédie et un propos plus profond. Les deux n’auraient pas été incompatibles, le cinéma français nous a quand même souvent proposé de très bonnes comédies de mœurs. Mais dans le cas qui nous intéresse, aucun des deux aspects n’est vraiment abouti, alourdi par la sensation que Philippe Le Guay cherche désespérément le ton juste.

alcesteabicyclettePar contre, Alceste à Bicyclette m’a fortement envie de me remette au théâtre. Bon, c’est un sentiment qui revient régulièrement chez moi (notamment quand j’y vais…), mais voir les deux hommes répéter, apprivoiser le texte, jouer avec les mots, chercher le ton le plus juste m’a rappelé quelques souvenirs. D’ailleurs, on ressort de ce film avec une folle envie de voir une représentation du Misanthrope ! Ce film, même moyen, vous fera infiniment plus aimer Molière que tous les cours de français du monde.

Ce qui finalement permet à Alceste à Bicyclette d’être un film qui peut se laisser voir un soir de pluie reste le savoureux duo formé par Lambert Wilson et Fabrice Luchini. Il fonctionne à la perfection, notamment parce que le second est vraiment dirigé et ne sombre jamais dans les insupportables cabotinages qu’il nous a parfois proposé. De ce point de vue là, le travail de Philippe le Guay est à saluer. Quant au premier, il fait preuve de sa classe habituelle et elle est éclatante.

Au final, il manque un vrai film autour des deux acteurs principaux. Ces derniers sont excellents mais ne peuvent à eux-seuls donner un profond intérêt à Alceste à Bicyclette.

Fiche technique :
Production : Pathé, les Films des Tournelles, Appaloosa, France 2 Cinéma
Distribution : Pathé distribution
Réalisation : Philippe Le Guay
Scénario : Philippe Le Guay, sur une idée de Fabrice Luchini
Montage : Monica Coleman
Photo : Jean-Claude Larrieu
Décors : Françoise Dupertuis
Musique : Jorge Arriagada
Costumes : Elisabeth Tavernier
Durée : 104 mn

Casting :
Fabrice Luchini : Serge Tanneur
Lambert Wilson : Gauthier Valence
Maya Sensa : Francesca
Laurie Bordesoules : Zoé
Vamille Japy : Christine
Annie Mercier : Tamara
Ged Marlon : Meynard
Christine Murillo : Madame Françon
Josiane Stoléru : Raphaëlle La Puisaye

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