LES TRIBULATIONS D’UN CHINOIS EN CHINE : Le poids des ans

lestribulationsdunchinoisenchineafficheJ’ai récemment revu Y’a-t-il Un Pilote Dans l’Avion que je n’avais pas depuis près de 25 ans et j’ai autant ri qu’à l’époque. J’ai fait encore plus fort en revoyant Les Tribulations d’un Chinois en Chine que j’avais dû voir une année ou deux plus tôt, alors que je n’étais qu’un tout jeune bambin pur et innocent (comme les choses ont bien changé…). J’en gardais un souvenir assez extraordinaire, un de mes premiers émois cinématographiques. Malheureusement, cette fois-ci, le poids des ans s’est fait sentir… et pas qu’au niveau de ma chute de cheveux…

Arthur Lempereur a tout pour lui : beau, jeune, immensément riche et une fiancée particulièrement charmante. Mais du coup, il s’ennuie, il s’ennuie terriblement. Alors sur les conseils de M. Goh, il part à Hong-Kong où le vieux sage lui explique que pour pimenter sa vie, il vient de commanditer son assassinat. Sentant sa vie menacée, Arthur doit y reprendre goût… Et cela semble marcher, même si la belle stripteaseuse, Alexandrine Pinardel, n’y est pas non plus étrangère.

Les Tribulations d’un Chinois en Chine est la seconde collaboration entre Philippe De Broca et Jean-Paul Belmondo, après le mythique Homme de Rio. Mais si ce dernier, au moins dans mon souvenir plus frais, mais qui date quand même d’une petite quinzaine d’années, reste un film d’aventure rythmé et divertissant, celui-ci sent le bric-à-brac monté un peu à la va-vite, sûr du succès du simple fait des têtes l’affiche. Mais au final, c’est terriblement inégal et parfois légèrement consternant.

Certes, en 1965, les moyens du cinéma français était à des années-lumière de ce qui se pratiquait de l’autre côté de l’Atlantique. Alors quand il s’agissait de donner dans le divertissement aventureux et exotique, la maigreur du budget était compensée par une bonne dose d’imagination et beaucoup, beaucoup de second degré. Les Tribulations d’un Chinois en Chine en est effectivement rempli, mais il apparaît du coup comme un écran de fumée pour masquer les très nombreuses faiblesses.

Le seul élément drôle de Les Tribulations d’un Chinois en Chine repose sur la présence constante aux côtés d’Arthur de son fidèle valet, interprété par Jean Rochefort, qui porte les valises même quand il s’agit d’escalader l’Himalaya. Le côté décalé du personnage, le comique de répétition fonctionnent très bien et auraient pu donner au film un supplément de charme et d’originalité. Cela lui permet au moins de ne pas se prendre au sérieux, mais cela n’est pas suffisant pour compenser son côté poussif et parfois un rien crétin.

Les amateurs de Jules Verne ne reconnaîtront que de loin l’histoire originale de Les Tribulations d’un Chinois en Chine. Certes, l’idée de base est la même, ça se passe en Asie, mais sinon pas grand chose en commun. Déjà, le film aurait du s’appeler les Tribulations d’un Français en Chine… Mais passons… Le film est entièrement conçu pour mettre en valeur un Jean-Paul Belmondo alors au faîte de sa gloire. Mais on a souvent l’impression qu’il est a été mis à l’écran et que tout le reste est vaguement improvisé, sans que personne ne sache vraiment très bien où tout cela doit aller. Cela donne des scènes beaucoup trop longues et chaque début de bonne idée est dilué par un manque de rythme flagrant, qui laisse au spectateur du XXIème siècle tout le temps de se focaliser sur certains décors de pacotille.

lestribulationsdunchinoisenchineReste évidemment à Les Tribulations d’un Chinois en Chine le charme immortel de Jean-Paul Belmondo. Le grand acteur, pas celui qui amène son yorkshire à Roland-Garros. Mais il se lance ici dans d’interminables cabotinages qui lassent vite. Alors, encore une fois, on lui préfèrera un Jean Rochefort dont le flegme et le second degré sont un vrai régal. Certains seront avant tout sensible au charme dévastateur d’Ursula Andress… ah Ursula…

J’aurais du rester sur le souvenir enfantin que j’avais de Les Tribulations d’un Chinois en Chine… Trop tard…

Fiche technique :
Réalisation : Philippe de Broca
Assistant : Claude Pinoteau
Scénario : Daniel Boulanger, d’après le roman éponyme de Jules Verne
Décors : François de Lamothe
Costumes : Jacqueline Moreau
Photographie : Edmond Séchan
Son : Antoine Bonfanti
Musique : Georges Delerue
Montage : Françoise Javet
Effets spéciaux : Gil Delamare
Durée : 110 minutes

Casting :
Jean-Paul Belmondo : Arthur Lempereur
Ursula Andress : Alexandrine Pinardel
Jean Rochefort: Léon
Maria Pacôme : Suzy Ponchabert
Valérie Lagrange : Alice Ponchabert
Darry Cowl : Biscoton, le fondé de pouvoirs
Paul Préboist : L’adjudant Cornac
Jess Hahn : Cornelius
Mario David : Le Sergent Roquentin
Valéry Inkijinoff : M. Goh
Alexandre Mnouchkine : Le directeur de la compagnie d’assurances
Joe Saïd : Charlie Fallinster, l’Al Capone des Mers du Sud
Gil Delamare : le pilote de l’avion
Boris Lenissevitch : le professeur

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