Evidemment, quand quelque chose fonctionne bien, il est tentant de vouloir le reproduire. Cela marche bien avec les objets, un peu moins avec les œuvres d’art. L’inspiration ne vient pas sur commande et quand on la force, le résultat est souvent décevant. C’est exactement ce qui semble expliquer qu’A la Merveille, le nouveau film de Terrence Malick, constitue une réelle déception. En effet, en voulant absolument nous livrer un Tree of Life 2, il nous sert un film qui sent le réchauffé et qui manque passablement d’intérêt.
Les détracteurs de la Palme d’Or 2011 soutiendront qu’il n’y a pas de différence entre les deux films, ils sont tout aussi ennuyeux et abscons l’un que l’autre. Les deux films sont en effet constitués de scènes du quotidien, sans réel scénario, avec une voix-off qui débite des propos philosophiques pas toujours hyper compréhensibles. Mais si The Tree of Life réservait surtout des moments de pure magie et de pur émotion, A la Merveille ne réserve rien. Que du vide et du vent.
Certes, Terrence Malick sait toujours aussi bien filmer tout et n’importe quoi pour le rendre sublime. Il y a quelque chose de prodigieux chez ce réalisateur un peu à part et A la Merveille est une nouvelle preuve de ce talent unique. Mais une série de belles images ne font pas un film. Le spectateur attend qu’on lui dise quelque chose. Or il n’y a ici aucun propos. On assiste à la vie d’un couple et aux interrogations d’un prêtre qui vit dans le même quartier, mais dont on se demande bien ce qu’il vient foutre ici. Le tout est commenté par les personnages eux-mêmes en voix-off, qui débitent inlassablement des phrases tellement obscures et creuses qu’elles en deviennent pénibles. On a vraiment envie qu’elles se taisent et qu’on nous remette la Moldau pour pouvoir simplement apprécier ces images, sans que cela soit pollué par ce discours sans intérêt.
Le principal problème de A la Merveille est qu’il nous montre des personnages dont on sait tellement peu de chose qu’on se moque éperdument de ce qu’il peut leur arriver. On mesure surtout la différence de charisme entre Brad Pitt et Ben Affleck. Ce dernier, dans ce rôle quasi muet, est totalement transparent, semble toujours un peu perdu et surjoue systématiquement ses expressions. Tout cela renforce vraiment l’impression d’assister à une version ratée de The Tree of Life.
Le résultat : 112 minutes d’ennui et d’envie de demander à Terrence Malick d’arrêter définitivement la drogue… ou de se foutre de nous en essayant de nous refourguer deux fois le même film !
Fiche technique :
Production : FilmNation Entertainment, Redbud Pictures
Distribution : Metropolitan FilmExport
Réalisation : Terrence Malick
Scénario : Terrence Malick
Montage : A.J. Edwards, Keith Fraase, Shane Hazen, Christopher Roldan, MArk Yoshikawa
Photo : Emmanuel Lubezki
Format : 35mm
Décors : Jeanette Scott
Son : Craig Berkey
Directeur artistique : David Crank
Durée : 112 mn
Casting :
Ben Affleck : Neil
Olga Kurylenko : Marina
Rachel McAdams : Jane
Javier Bardem : Père Quintana
Tatiana Chiline : Tatiana
Romina Mondello : Anna
Charles Baker : Charles