
Ce genre de drame donne toujours lieu à de multiples tentatives de récupération, à des amalgames ou des caricatures. Face à ce genre d’horreur, il est tentant de repeindre la réalité en noir et blanc, de faire des victimes des héros et de mettre sur le dos des coupables des maux qui les dépasse. Cela n’a pas manqué et a alterné entre le pathétique et le franchement insupportable. J’ignore comment la famille et les proches de Clément Méric ont pu vivre ce déferlement médiatique. Sûrement partagés entre un élan de solidarité réconfortant et un sentiment de désappropriation d’un deuil intime.
Evidemment, les nombreuses questions que cette tragédie ont soulevé restent malgré tout légitimes, même si elles se posaient avant et se poseront avant ce qui reste tout de même avant tout un fait divers. L’existence de groupes d’extrême droite violents est un fléau dont la Manif pour Tous a rappelé la réalité (ce qui a conduit aux pires amalgames, dans les deux sens d’ailleurs). Les dissoudre n’apparaît que comme une façon de pousser la poussière sous le tapis. Mais cette décision constitue aussi l’affirmation d’une sanction contre ces agissements, de l’affirmation qu’il existe bien une ligne blanche que la société refuse de voir franchir, même s’il y aura toujours des gens pour le faire. On est peut-être dans le symbole ou l’angélisme, mais la normalisation du Front National a sûrement fait contribuer à effacer cette frontière. Il est donc bon de la rendre à nouveau clairement visible.
Je ne connaissais pas Clément Méric. Je ne sais pas s’il était un ange. J’en doute. Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé ce soir là. Mais ce que je sais, c’est que lutte contre le fascisme reste une cause qui ne doit jamais s’éteindre car le bête est là, toujours présente et bien vivante.