Vu mon esprit de contradiction particulièrement développé, je prends un certain plaisir, pour ne pas dire un plaisir certain, à être en désaccord avec les choix des jurys au moment de distribuer les divers prix cinématographiques. Sauf cette année visiblement. Il faut dire que le rôle de Julianne Moore dans Still Alice lui a valu d’être récompensée aux Golden Globes, aux BAFTA Awards (les Oscars anglais) et aux Oscars. Il aurait quand même été assez incroyable qu’autant d’assemblées prestigieuses soient toutes en même temps à côté de plaque. Ce n’est effectivement pas le cas. Même si je reste par ailleurs plus réservé sur le film en lui même.
Still Alice raconte l’histoire d’une brillante universitaire atteinte d’une forme précoce et familiale de la maladie d’Alzheimer. Un sujet qui tend bien des pièges, que Richard Gkatzer et Wash Westmoreland évitent habilement. Jamais le sujet ne sombre dans le pathos lénifiant, le film ne parle pas de religion (à noter pour un film américain!) et l’émotion n’y est ni factice, ni facile. Mais à force d’éviter tout cela, il ne reste plus grand chose. Le film se contente d’être un témoignage, de nous livrer un exemple, mais sans réelle perspective, recul, leçon ou réflexion. Il passe d’ailleurs totalement à côté d’un vrai sujet. En effet, l’aspect familial de la maladie, qui fait qu’au moins une de ses filles finira comme elle, est au final totalement éludé, alors qu’il y avait là matière à une réflexion passionnante.
Reste tout de même le plaisir de contempler l’immensité du talent de Julianne Moore. Elle est tellement talentueuse qu’on se demande même pourquoi tant de récompenses pour ce rôle plutôt qu’un autre. Sans doute parce que jamais autant que dans Still Alice, elle n’aura à ce point porté un film sur ses seules épaules. Enfin, seules épaules, pas tout à fait, car si le rôle occupé par Kristen Stewart est plus secondaire, cette dernière prouve une nouvelle fois qu’elle siège désormais parmi les plus grandes. Le mois de février ne lui aura offert qu’un modeste César pour son rôle dans Sils Maria, mais ne doutons pas qu’un jour, un rôle comme celui de Julianne Moore dans Still Alice lui permettra elle-aussi de remporter la statuette tant convoitée.
LA NOTE : 12,5/20