Cela me fait toujours un peu de peine quand je me montre incapable d’apprécier l’œuvre d’un réalisateur pourtant salué par la critique et les cinéphiles les plus avertis. Arnaud Desplechin est de ceux-là. En effet, je suis très loin d’avoir apprécié aussi bien Un Conte d’Hiver ou encore Jimmy P. Mais tout vient à point à qui sait attendre, puisque c’est avec un vrai bonheur que j’ai apprécié pleinement Trois Souvenirs de ma Jeunesse. Un film plein de sensibilité, de poésie… et non dénué d’un certain érotisme.
Dieu sait si les films sur les amours de jeunesse donnent souvent des résultats désastreux. La nostalgie de leurs auteurs, un regard soit idyllique, soit à l’inverse totalement condescendant, conduit trop souvent ces derniers à livrer un propos sans intérêt entre ridicule et clichés. Mais Trois Souvenirs de ma Jeunesse ne se laisser pas dévorer par la nostalgie. Elle est présente, le film étant raconté « à la première personne » par un narrateur faisant preuve d’un certain recul par rapport aux événements. Mais le cœur du film reste avant tout une grande histoire d’amour entre deux personnages d’exception. Qu’ils sortent tout juste de l’adolescence ne change pas grand chose.
Le cinéma d’Arnaud Desplechin place toujours ses personnages au centre de ses œuvres parce qu’ils constituent un sujet en eux-mêmes. Paul et Esther forment un couple exceptionnel. Vous aurez bien du mal à vous identifier à eux, mais ils valaient bien un film. Trois Souvenirs de ma Jeunesse est sublimée par une casting de jeunes acteurs vraiment formidable. Le duo forme par Quentin Dolmaire et Lou Roy Lecollinet est étonnamment crédible dans des rôles loin d’être évidents, où ils auraient vite pu rendre leurs personnages antipathiques. Il n’en est rien, bien au contraire, et cela donne un très beau moment de cinéma, porté par une réalisation élégante et subtile qui retranscrit parfaitement à l’écran toutes les dimensions du sentiment amoureux.
LA NOTE : 13,5/20