AMY : Deep in black

amyafficheUne fête d’anniversaire filmée avec un vieux caméscope. Un gâteau, des copines qui chantent. Enfin, une d’elle ne chante pas tout à fait comme les autres. La voix est déjà extraordinaire. Elle a 14 ans. Elle s’appelle Amy Winehouse. Le film a commencé depuis quelques secondes et vous avez déjà le cœur serré. Comme si vous réalisiez enfin que derrière la star dont la déchéance a nourri les tabloïds et les vannes des humoristes, il y avait un être humain. Une petite fille qui à cet âge là était déjà sous antidépresseur et boulimique. Une petite fille qui allait devenir une star mondiale en écrivant une chanson extraordinaire sur le jour où elle a fait le plus mauvais choix de sa vie. Le dernier jour où tout aurait pu changer, le dernier jour où il n’était peut-être pas encore trop tard. Le monde entier a applaudi, fasciné, subjugué par cette voix extraordinaire… Mais sans comprendre ce qu’elle disait… Amy est là pour nous le faire enfin comprendre.

Bon, quittons quelques secondes le costume de spectateur ému pour celui de critique objectif. Amy est un documentaire, donc l’objectivité constitue forcément un critère d’appréciation. Et si l’émotion est aussi forte, c’est aussi parce que les réalisateurs en jouant sur cette corde avec un brio magistral, ils ont sans doute déformé (fortement ? légèrement ?) la réalité. Si la famille est à ce point furieuse contre ce film, notamment son père, ce n’est pas pour rien. Asif Kapadia a légèrement tendance à créer des gentils et des méchants dans l’histoire qu’il nous raconte. Son père a joué une rôle central dans le parcours d’Amy Winehouse, mais c’était très certainement un simple crétin, aussi dépassé par les événements que sa fille. La vision du documentaire est clairement partielle et partiale.

Iamyl n’empêche pas que l’on ne ressort pas de Amy indemne. Comment une telle artiste a-t-elle pu mourir ainsi à 27 ans ? Son histoire n’a malheureusement rien d’unique. Ce n’est pas la première personne à fermer la porte à tous ceux qui veulent l’aider pour se faire entraîner jusqu’à l’auto-destruction par les mauvaises personnes. Ce qui interroge, ce qui dérange, c’est la manière dont le monde a assisté à cette chute sans fin en la considérant comme un prolongement du spectacle. Le film nous fait réaliser à quel point chacun de ses textes n’étaient que le simple récit de sa vie. On ne peut échapper à un certain sentiment de culpabilité. A chaque image du film, on a envie de hurler, de la sortir de là, de revenir en arrière pour jeter sur elle le regard bienveillant qui n’aurait sans doute rien changer, mais qui a tout de même manqué.

Amy Winehouse n’est par morte à cause de moi, du succès, des tabloïds, de son mari (enfin lui quand même…), de son père… Elle est sans doute morte avant tout à cause d’elle-même parce que les mauvais choix restent avant tout les siens. Mais Amy nous fait réaliser à quel point le monde dans lequel elle vivait, auquel nous contribuons tous, ne lui en a pas laissé beaucoup.

LA NOTE : 14/20

Fiche technique :
Directed by Asif Kapadia
Produced by James Gay-Rees, George Pank, Paul Bell
Music by Antonio Pinto, Amy Winehouse
Cinematography : Matt Curtis
Edited by Chris King
128 minutes

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