TOUR DE CARTES

tourdefrance2015Je réalise à quel point j’ai négligé les chapitres non cinématographiques de mon blog lorsque je m’aperçois que je n’ai rien écrit sur le Tour de France qui vient de s’achever. Vaut mieux tard que jamais, me direz-vous. Le manque de temps, la canicule, la flemme sont autant d’explications à cette relative indifférence. Ou peut-être simplement qu’il n’y avait pas grand chose à dire sur cette édition qui est loin d’avoir tenue toutes ses promesses.

« 15 km et déjà plus de suspense » a été mon statut Facebook à l’issue de la première étape de montagne. Est-il vraiment nécessaire d’en dire plus ? En fait oui, car cela traduit un fatalisme qui n’avait peut-être pas lieu d’être. Cela me rajeunit, me ramenant au temps de la domination sans partage de Miguel Indurain qui, après avoir mis 5 minutes à tout le monde à l’issue du premier contre-la-montre, se contentait de gérer des adversaires qui le considéraient désormais comme invincibles. Or, il l’a avoué du bout des lèvres depuis, il a été souvent au bord de la rupture, mais personne n’était là pour l’y pousser, même ceux qui en avaient très certainement les moyens, comme Tony Rominger.

Nairo Quintana va-t-il prendre le même chemin que l’ancien coureur suisse ? Pas si sûr ! Déjà parce que si les deux dernières étapes de montagne peuvent lui (et nous) laisser bien des regrets, on oublie parfois qu’il n’a que 25 ans (il finit d’ailleurs pour la deuxième fois sur le podium avec le maillot blanc de meilleur jeune) et on imagine difficilement qu’il n’ait rien appris de ce Tour. Certes, il n’est pas sûr de retrouver de si tôt un parcours à ce point taillé à sa mesure, mais on ignore aujourd’hui quelles sont ses limites. Rien ne laisse à penser qu’il les a déjà atteintes. Voir un jour le coureur colombien sur la première marche du podium plusieurs fois dans les dix années qui viennent ne constituerait en rien une surprise.

Chris Froome a prouvé les deux derniers jours qu’il n’était pas si invincible que ça. Le personnage intrigue et beaucoup d’éléments poussent à la suspicion. Comme beaucoup de champions hors norme, à la technique ou au physique unique, il est victime du syndrome « si personne n’a réussi avant de cette façon, c’est que ça ne peut pas marcher, donc il triche ». Pourtant, on peut tout à fait imaginer que, d’ici quelques années, beaucoup de coureurs opteront pour les tous petits développements alliés à une fréquence de pédalage élevée, l’exceptionnel devenant la norme.

En fait, Chris Froome est peut-être victime aussi tout simplement du découragement des autres. Son équipe Sky en créant le mythe d’une équipe mystérieuse et infiniment supérieure aux autres produit sans doute une prophétie en partie auto-réalisatrice. La supériorité de leurs moyens est incontestable, mais il y a là peut-être aussi une part de bluff. Nairo Quintana sur les pentes de l’Alpe d’Huez a montré que quand on les force à dévoiler leur jeu, ce dernier n’est pas si bon que ça. Certes, Chris Froome n’a pas gagné le Tour avec une paire de deux. Mais pas sûr qu’il avait non une quinte royale…

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