Les anecdotes en disent parfois plus long que les grands discours théoriques. Des sujets particulièrement obscurs et complexes peuvent devenir nettement plus clairs grâce à un fait qui, dans un premier temps, vous semble anodin. L’Insulte en est une magistrale démonstration. Une histoire dont le point de départ peut sembler insignifiant mais qui nous offre au final toutes les clés pour mieux saisir les tenants et les aboutissants des tensions qui parcourent la société libanaise. Une leçon de géopolitique donc, mais à travers une histoire profondément humaine particulièrement prenante.
Vous l’aurez compris le fond de l’Insulte présente un intérêt profond. Mais la forme le rend particulièrement passionnant. Une bonne partie du film revient à un film de procès qui n’a rien à envier aux modèles du genre hollywoodiens. On assiste avec une attention toute particulière à l’enchaînement des événements qui permet de passer de l’acte banal à l’affaire d’état, par une mécanique qui va vite dépasser les protagonistes. La narration est réellement remarquable avec son lot de surprises de rebondissements, qui surviennent à un rythme soutenu.
L’Insulte est aussi un film portrait. Le portrait de deux hommes que le poids de l’histoire sépare. Le tout est porté par un formidable duo d’acteurs. Adel Karam et Kamel El Basha donnent une grande humanité à leurs personnages et contribuent largement à la grande qualité de ce film. Ziad Doueiri peut réellement être fier de son travail, car sa réalisation donne vie de manière éclatante à ce scénario qu’il a lui même coécrit. Cette œuvre est donc largement la sienne et elle représente un film réellement marquant de ce début d’année cinématographique.