Il est des films que l’on adore, d’autres que l’on déteste. Des sentiments clairs et tranchés. Mais d’autres encore ne vous laissent qu’une impression fugace et neutre. D’autres enfin font naître chez vous quelque chose de tangible et durable, mais indéfinissable. Positif ou négatif, dur de se décider et de répondre à cette question toute bête (et souvent insupportable) : alors, tu as aimé ? En tant que critique amateur, je me dois de répondre à cette question et même d’argumenter. Pour Phantom Thread, l’exercice sera particulièrement difficile.
D’un point de vue purement formel, on ne peut qu’être impressionné par la maîtrise totale et absolue de Paul Thomas Anderson. Mais même fait exprès, un grain d’image volontairement désuet comme celui de Phantom Thread peut rester un choix artistique assumé, mais dont l’intérêt ne saute pas aux yeux. De même une direction d’acteurs parfaite, sublimant le jeu sublime (c’est dire) d’un comédien et d’une comédienne habitant leur rôle comme rarement, ne garantit en rien que l’on va s’attacher aux personnages. L’admiration n’est définitivement pas l’amour. Ils n’ont rien d’incompatibles, mais l’un peut aller sans l’autre.
Reste une histoire qui là aussi laisse sur une impression relativement indéfinissable. Une histoire d’amour qui ne ressemble que peu à une histoire d’amour. Une histoire qui semble cousue de fil blanc avant de prendre au final un sens toute autre. Une histoire qui fascine, mais porte parfois au bord d’un certain ennui. Phantom Thread est donc un film paradoxal. Cela lui donne tout son intérêt, mais fixe aussi ses limites. Celles d’un film que l’on peut aimer avec sa raison, plus difficilement avec son cœur. Mais pour une histoire qui parle autant de sentiments, on est en droit de le regretter.
LA NOTE : 13/20
Fiche technique :
Production : Annapurna Pictures, Focus Features, Ghoulardi Film Company, Perfect World Pictures
Distribution : Universal Pictures France
Réalisation : Paul Thomas Anderson
Scénario : Paul Thomas Anderson
Montage : Dylan Tichenor
Photo : Paul Thomas Anderson
Décors : Mark Tildesley
Musique : Jonny Greenwood
Durée : 130 min
Casting :
Daniel Day-Lewis : Reynolds Woodcock
Vicky Krieps : Alma
Lesley Manville : Cyril Woodcock
Sue Clark : Biddy
Harriet Leitch : Pippa
Gina McKee : Comtesse Henrietta Harding
Brian Gleeson : Dr Robert Hardy
Harriet Sansom Harris : Barbara Rose
Julia Davis : Lady Baltimore