Le cinéma nous raconte bon nombres d’histoires dont le héros est fort, grand et courageux. A la fois, comment en pourrait-il être autrement pour être un héros ? Il ne reste donc guère de place pour les petits, les chétifs, les timides. Pourtant, ils existent tout autant, si ce n’est plus, dans la vraie vie. Pour Dogman, Matteo Garrone a choisi de nous parler une nouvelle fois de l’emprise du grand banditisme sur certaines régions d’Italie, mais cette fois-ci non pas du point de vue de ceux qui veulent se faire une place au soleil, mais de ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre et sont condamnés à toujours subir. Enfin même si le film démontrera que tout n’est pas si simple.
Dogman est l’archétype du film de personnage. Le portrait d’un personnage singulier, même si derrière cela se dessine le portrait d’une société tout entière. On peut craindre dans les premières minutes que Matteo Garrone ait quelque peu forcé le trait en choisissant un personnage aussi diamétralement opposé de la figure du truand redoutable, flamboyant et sûr de lui. Mais on comprend vite que le scénario va vite exploiter de manière particulièrement brillante ce point de départ relativement improbable. Surtout qu’il nous mènera dans des directions que l’on ne soupçonnait pas forcément au début. On reste vraiment captivé par cette histoire inattendue jusqu’à la dernière minute.
Cela ressemble quelque peu à un cliché, mais ce film de personnage doit beaucoup à son interprète principal. La récompense reçu par Marcello Fonte à Cannes n’a vraiment rien d’usurpée, tant il brille dans un rôle de composition qui aurait vite pu tourner à la farce, sans un minimum de crédibilité. Son interprétation est d’une justesse remarquable. Elle entre surtout en synergie avec la réalisation de Matteo Garrone qui nous fait ressentir avec force la noirceur et l’impression de décadence des lieux. Chaque pan de mur semble témoigné de la déliquescence d’un lien social où seul la loi du plus fort prime. Le tout donne un film vraiment réussi qui nous offre un nouveau point de vue brillant sur un univers pourtant maintes fois montré au cinéma.
LA NOTE : 14/20
Fiche technique :
Production : Archimede Film, Rai Cinema, Le Pacte
Réalisation : Matteo Garrone
Scénario : Maurizio Braucci, Ugo Chiti, Matteo Garrone, Massimo Gaudioso
Montage : Marco Spoletini
Photo : Nicolai Brüel
Distribution : Le Pacte
Durée : 102 min
Casting :
Marcello Fonte : Marcello
Edoardo Pesce : Simoncino
Alida Baldari Calabria : Sofia