Tous les amateurs de football en sont convaincus depuis le dernier Euro, les Islandais sont des guerriers. Mais les Islandaises ? Pour leur équipe de football, je ne sais pas bien, mais pour ce qui est de leurs militantes écologistes, il suffit d’aller voir Woman at War pour en être convaincu. Un film écolo et féministe et surtout un film bien mené et bien construit. Un long métrage qui vous donnera aussi envie de découvrir ce pays aux paysages grandioses. Déjà que le tourisme y explose, le succès de ce film ne va pas inverser le phénomène. Et si en plus, le pays compte d’autres cinéastes aussi talentueux que Benedikt Erlingsson, alors il s’agit définitivement d’une contrée qui gagne à être mieux connue et qui vaut bien un clapping !
Dans un premier temps, Woman at War peut paraître un film relativement naïf et plein de bonnes intentions. Mais très vite, on réalise qu’il ne faut pas confondre l’idéalisme du personnage principal et le propos porté par le scénario. Certes, ce dernier épouse largement son point de vue et prend clairement son parti, mais en soulignant fortement les difficultés auxquelles elle va se heurter. L’intérêt du film est donc double. Il porte à la fois un message presque politique, mais un rien désabusé, et reste avant tout un film de personnage. Le contenu est donc riche, mais jamais indigeste. Il est à la fois léger et grave, drôle et émouvant, riche en surprises et rebondissements. On ne peut que s’attacher à l’héroïne et finir par partager ces combats, quelque soit le camp dans lequel on se serait trouvé dans la vraie. C’est là la magie du cinéma et la force d’un propos convaincant.
Woman at War se démarque aussi par sa forme. Benedikt Erlingsson prouve qu’un budget moyen n’empêche en rien l’imagination visuelle et le travail artistique de premier ordre. Par quelques trouvailles, notamment les groupes qui viennent jouer la musique du film à l’écran, il donne à son film un supplément de poésie qui ajoute le charme à l’intérêt. Evidemment, la beauté des paysages islandais aide aussi à faire de ce film une œuvre à l’esthétique marquée. Le film doit beaucoup également à Halldóra Geirharðsdóttir qui interprète non pas un seul, mais deux rôles. Elle tient largement son rôle sur ses frêles épaules. Mais comme veut le prouver ce film, aussi frêles soient-elles, elles ont la capacité à changer le monde. Enfin au moins à essayer…
LA NOTE: 14/20
Fiche technique :
Réalisation : Benedikt Erlingsson
Assistants-réalisateurs : Vasiliy Belousov, Sigurdur Kjartan
Scénario : Benedikt Erlingsson et Ólafur Egilsson
Costumes : Sylvia Dögg Halldórsdóttir et Maria Kero
Directeur de la photographie : Bergsteinn Björgúlfsson
Montage : David Alexander Corno
Musique : Davíð Þór Jónsson
Son : François de Morant
Durée : 101 minutes
Casting :
Halldóra Geirharðsdóttir : Halla / Ása
Jóhann Sigurðarson : Sveinbjörn
Juan Camillo Roman Estrada : Juan Camillo
Jörundur Ragnarsson : Baldvin
Bjön Thors : le Premier ministre
Jón Gnarr : le Président de la République islandaise
Jón Jóhansson : le fermier
Hjörleifur Hjartarsson : un conseiller du Premier ministre
Olena Lavrenayuk : la responsable de l’orphelinat
Antoine Huré : un touriste