Une bande-annonce a pour but premier de donner envie aux spectateurs de venir voir le film en question. En tant que militant politique et ayant un métier fortement orienté communication, je sais à quel point il faut savoir parfois déformer quelque peu la vérité pour donner envie. L’omission reste peut-être le travers le plus pardonnable, puisque, techniquement, on ne ment pas. On n’en voudra donc pas trop à ceux qui ont monté la bande-annonce de Roulez Jeunesse, qui, à travers elle, semblait être une pure comédie, très orientée premier degré. Il se révèle finalement être bien plus que cela. Et de plus, la surprise est vraiment bonne.
Roulez Jeunesse est un film qui vous fera passer par beaucoup d’émotions contrastées. On rit souvent, surtout dans la première moitié. On finira ensuite par pleurer. Ce glissement progressif se fait à chaque fois que l’on découvre un nouvel élément de l’intrigue, quand le point de départ prêtait avant tout à sourire. Cette évolution est menée avec une réelle intelligence, sans à-coups, et avec une réelle crédibilité. Le scénario n’est pas dénué d’ambition, mais parvient à ne pas tomber dans l’excès ou la maladresse. Le spectateur apprécie vraiment ce lent changement de cap plutôt inattendu. Quand un film donne plus que ce que l’on était venu chercher, comment être déçu ?
Roulez Jeunesse marquera sans doute un tournant dans la carrière d’Eric Judor. Comme son ancien compère Ramzy Bedia, il prouve qu’il peut être à l’aise dans des rôles un peu plus complexes que celui d’ahuri un peu naïf. Le film le prouve d’autant plus que c’est exactement ce qu’est son personnage au départ. Et comme l’intrigue, on le verra évoluer, en même temps que le jeu de son interprète. Il ne livre pas non plus une interprétation bouleversante. Mais sans doute, beaucoup de réalisateurs auront noté qu’il est possible de lui proposer autre chose. Le reste du casting est également excellent, avec une mention spéciale pour les deux enfants qui savent se montrer aussi attachants qu’horripilants parfois. Entre surprise et tromperie, la frontière est parfois mince. Mais ce film fait incontestablement partie de la première catégorie.
LA NOTE : 13,5/20
Fiche technique :
Production : SRAB films, Rectangle productions, France 2 cinéma
Distribution : Le Pacte
Réalisation : Julien Guetta
Scénario : Julien Guetta, Dominique Baumard
Montage : Jean-Christophe Bouzy
Photo : Marion Burger, Benjamin Roux
Musique : Thomas Krameyer
Durée : 84 mn
Casting :
Eric Judor : Alex
Laure Calamy : Nelly
Brigitte Roüan : Antoinette
Ilan Debrabant : Kurt
Louise Labeque : Tina
Marie Kremer : Prune
Satya Dusaugey : Philippe
Déborah Lukumuena : Lou