Sauvage est un film qui traite à la fois de la prostitution masculine et de l’addiction au crack. Autant vous dire qu’il ne s’agit pas d’une petite comédie légère et romantique, mais vous vous en seriez douté. Ce film est même à déconseiller aux âmes sensibles car il propose des moments d’une grande dureté, face auxquels il vaut mieux avoir le cœur bien accroché. Camille Vidal-Naquet signe là un premier film audacieux, mais globalement maladroit. Si l’avenir sourit à ceux qui osent, alors il nous livrera bientôt une œuvre remarquable. En attendant, il faut faire avec celle-là.
Sauvage est un film quelque peu déséquilibré. Montrer les choses telles qu’elles sont constitue toujours une intention louable. Mais faut-il encore que le caractère cru des images servent réellement un propos. Ici, Camille Vidal-Naquet se noie quelque peu dans ses propres intentions en donnant une impression de vouloir aller toujours plus loin, toujours plus fort. Certes, cela accompagne un processus de déchéance et de descente aux enfers, mais cela manque passablement de subtilité. Surtout que cela conduit à un dénouement assez convenu, loin de la force dont le réalisateur voulait doter son film. Ceci dit l’exercice n’avait rien d’évident et nombreux sont ceux qui se seraient carrément noyés.
En effet, tout n’est pas à jeter dans Sauvage. La réalité sociale décrite méritait bien d’être portée à l’écran. Le film brille surtout par sa galerie de personnages. Camille Vidal-Naquet parvient à leur donner une formidable consistance et échappe aux clichés dans lesquels ils auraient pu très aisément tomber. C’est vraiment dans la mise en images que le réalisateur s’est quelque peu pris les pieds dans le tapis. On saluera la performance remarquable, dans un rôle loin d’être facile, de Félix Maritaud. Il est particulièrement convaincant et parvient à donner une grande humanité à un personnage dont la dignité est constamment bafoué. Rien que son interprétation vaut bien de jeter un œil sur ce film.
LA NOTE : 12/20
Fiche technique :
Réalisation et scénario : Camille Vidal-Naquet
Décors : Charlotte Casamitjana
Costumes : Julie Ancel
Photographie : Jacques Girault
Son : Julien Roig, Jérémie Vernerey et Benjamin Viau
Montage : Elif Uluengin
Musique : Romain Trouillet
Production : Emmanuel Giraud et Marie Sonne-Jensen
Durée : 99 minutes
Casting :
Félix Maritaud : Léo
Éric Bernard : Ahd
Nicolas Dibla : Mihal
Philippe Ohrel : Claude
Marie Seux : la femme médecin
Lucas Bléger : l’homme handicapé
Lou Ravelli : membre de la bande
Nicolas Chalumeau : client plug #1
Nicolas Fernandez : client plug #2