La marginalité est un sujet singulier au cinéma. En effet, elle est souvent valorisée pour donner des personnages originaux et sympathiques. L’image du rebelle hors système donne facilement de bon héros attachant et positif. Heureusement, certains scénarios parviennent à sortir des raccourcis trop faciles et, sans pour autant devenir des éloges de la norme et du conformisme, nous montre les choses sous un jour un peu plus réaliste. C’est le cas de Leave No Trace. Un film qui pose une question qui n’a rien d’anodine. Quelle part de « folie » (au sens très large) avons-nous le droit d’imposer à nos enfants ?
Leave No Trace est un film au propos clair (ce qui ne veut absolument pas dire prévisible), qui va à l’essentiel, qui ne prend son temps que pour nous permettre de mieux connaître les personnages. Un film sans chichi, sans superflu et qui est assez intéressant pour maintenir toute l’intention du spectateur du début à la fin. Le dénouement est très réussi, apportant une vraie conclusion convaincante. Le mérite de cette réflexion est que le spectateur peut se sentir en droit de ne pas la partager, même si personnellement je trouve la réflexion très pertinente et mesurée. Tout cela ne donne pas le film le plus marquant qui soit, mais au moins peut-on considérer que Debra Granik avait réellement quelque chose à raconter, ce qui n’est pas le cas de tous les cinéastes.
Sa réalisation est sobre, mais elle possède un joli sens de la narration. On entre dans l’histoire progressivement en en comprenant peu à peu les tenants et les aboutissants, avant de proposer plusieurs péripéties ensuite. Le scénario de Leave No Trace est parfaitement construit. Elle sait aussi mettre parfaitement en lumière le jeu de ses acteurs sur lesquels le film repose largement. Ben Foster est peut-être un rien statique, mais c’est au final assez raccord avec son personnage. La vraie révélation de ce film reste Thomasin McKenzie, que l’on avait visiblement entraperçu dans le dernier volet de The Hobbit. Espérons que cela donne l’idée à d’autres réalisateurs de lui offrir d’autres jolis rôles pour d’autres jolis films.
LA NOTE : 12,5/20
Fiche technique :
Production : First Look Media, Harrison Productions, Still Rolling Productions
Réalisation : Debra Granik
Scénario : Debra Granik, Peter Rock, Anne Rosellini
Montage : Jane Rizzo
Photo : Michael McDonough
Distribution : Condor Distribution
Musique : Dickon Hinchliffe
Durée : 108 min
Casting :
Ben Foster : Will
Thomasin McKenzie : Tom
Dale Dickey : Dale
Dana Millican : Jean Bauer