Le génie est sans doute ce qui chez l’humain s’apparente le plus à un super-pouvoir. Mais tous les lecteurs assidus de comics le savent. Un super-pouvoir doit être maîtrisé, sous peine de se transformer en malédiction pour celui qui le possède, avec moult de victimes collatérales. Aller voir Climax permet de se sentir dans la peau d’une de ces dernières. Et Gaspard Noé est clairement un super-héros qui n’a pas appris le contrôle et finit pas consumer la pellicule qu’il avait commencé par enchanter. Tant pis pour tous ceux qui auront ressenti un profond malaise devant ce film qui finit par tourner au désastre.
Les premières minutes de Climax nous laissent quelque peu circonspects, ne révélant rien de sa nature profonde. Puis il nous offre une scène de danse à couper le souffle. Une des plus extraordinaires jamais proposées dans un long métrage. N’ayons pas peur des mots, il y a ici un vrai moment de pur génie qui vous scotche à votre siège et prouve le talent unique de Gaspard Noé. C’est après ça que le film commence vraiment d’un point vue narratif en tout cas. Cela commence d’ailleurs plutôt bien, on approfondit sa connaissance d’une très belle galerie de personnages. Tout continue donc pour le mieux… mais peu à peu, le film change de nature. Il devient de plus en plus malsain, dérangeant, jusqu’à en devenir totalement insupportable.
Si au moins tout ceci avait au service de quelque chose, d’une histoire, d’un propos, d’un message. Mais cette horreur est totalement gratuite. Gaspard Noé sait faire naître des images extraordinaires mais n’a encore une fois strictement rien à raconter, sinon à chercher à aller toujours plus loin, toujours plus fort, même si c’est pour aller strictement nul part. Le spectateur reste seul avec un profond sentiment de dégoût et de malaise saisissant. Si au moins, c’était la première fois, on pourrait aisément pardonner. Mais on retrouve le même schéma que pour Love, qui proposait peut-être la scène la plus érotique de l’histoire du cinéma, avant de se perdre dans un grand néant. On peut donc craindre que c’est bien la carrière de ce faiseur d’images de génie qui sombre dans ce grand néant.
LA NOTE : 3/20
Fiche technique :
Production : Wild Bunch, Artémis Production, Les Cinémas de la Zone
Réalisation : Gaspar Noé
Scénario : Gaspar Noé
Montage : Denis Bedlow, Gaspar Noé
Photo : Benoit Debie
Décors : Jean Rabasse
Distribution : Wild Bunch Distribution
Durée : 95 min
Casting :
Sofia Boutella : Selva
Kiddy Smile : Daddy
Souheila Yacoub : Lou
Romain Guillermic : David
Taylor Kastle : Taylor
Giselle Palmer : Gazelle
Naab : Naab