Le film de procès est un domaine réservé du cinéma hollywoodien. Mais comme tous les domaines réservés, il est voué à être contestés Impossible n’étant pas français, notre 7ème art hexagonal s’y attaque avec Une Intime Conviction. On y retrouve tout ce que l’on apprécie dans ce genre de production mais avec de vraies particularités liées à notre culture… et accessoirement à notre système judiciaire. Même si un habile procédé narratif permet de gommer quelque peu cette dernière différence. Mais le film marquera surtout les esprits par l’extraordinaire performance d’Olivier Gourmet.
Une grande différence entre la France et les États-Unis réside dans le rôle joué par les avocats dans un procès. Chez nous, il n’y a aucune raison pour que ces derniers jouent les enquêteurs de choc. Dans Une Intime Conviction trouve un expédient narratif pour arriver dans une situation similaire. Mais cette trouvaille n’est pas là pour faire des acteurs de la défense des « héros ». Elle permet au contraire de pousser le spectateur à s’interroger sur son rapport à la vérité et son envie irrépressible de désigner des innocents et des coupables, même en absence de preuve. Ceci est mené avec beaucoup d’habileté et on se retrouve contraint de réaliser son propre examen de conscience.
Le scénario de Une Ultime Conviction mêle reconstitution et pure fiction. On peut imaginer que la longue plaidoirie de Maître Dupont-Moretti a du être impressionante dans la réalité. Mais que dire de celle que nous fait vivre Olivier Gourmet. Un moment fort d’interprétation dramatique comme on en voit rarement et qui permet de mesurer l’étendu du talent de cet acteur, qui a sans doute été trop souvent cantonné à des seconds rôles. Il serait injuste d’oublier du coup au passage la très belle prestation de Marina Foïs. Ils portent à deux le film sur leurs épaules et le portent haut. En tout cas, ils donnent envie de voir le cinéma français explorer plus souvent le filon des films de procès !
LA NOTE : 13,5/20
Fiche technique :
Production : Delante productions, UMedia
Distribution : Antoine Raimbault
Réalisation : Antoine Raimbault, Isabelle Lazard, idée de Karim Dridi, inspiré du procès Viguier
Scénario : Jean-Baptiste Beaudouin
Montage : Pierre Cottereau
Format : Nicolas De Boiscuillé
Musique : Grégoire Auger
Durée : 110 min
Casting :
Marina Foïs : Nora
Olivier Gourmet : Eric Dupond-Moretti
Laurent Lucas : Jacques Viguier
Jean Benguigui : Maître Szpiner
François Fehner : le président Richiardi
François Caron : Maître de Caunes
Philippe Uchan : Olivier Durandet
Armande Boulanger : Clémence Viguier
Steve Tientcheu : Bruno