La prise de conscience récente du poids du sexisme dans la société irrigue forcément le cinéma et ce dans beaucoup de pays, comme le prouve ce nouveau film israélien sorti sur nos écrans, Working Woman. Il prouve d’ailleurs par la même occasion l’incroyable vitalité du 7ème art de ce pays que j’ai évoqué à plusieurs reprises ces derniers temps. La gravité et l’importance d’un sujet ne peuvent assurer à eux-seuls la réussite d’un film. Faut-il encore savoir le traiter sur le fond et sur la forme. Michal Aviad parvient à rendre son film remarquable sur les deux plans.
Working Woman est évidemment porteur d’un message. On peut même le qualifier de film militant. Cependant, ceci se fait uniquement par l’exemple, sans réflexion générale ou prise de recul. C’est au spectateur de tirer ses conclusions. Mais l’exemple est tellement bien choisi et le propos percutant, qu’elles viennent d’elle-même. Toute la force du film passe par la tension palpable qui règne tout au long du récit. Il ne comporte au final pas tant de moments que ça où l’on est témoin d’un acte de harcèlement au sens propre du terme, mais on ressent l’oppression, le malaise constants que l’on partage avec le personnage. Tout cela naît aussi de l’ignorance et du coup la passivité des personnages extérieurs. Et on ne peut s’empêcher de se dire que l’on a peut-être déjà été dans la même position qu’un de ces derniers.
Working Woman doit beaucoup à la formidable prestation de Liron Ben-Shlush. Elle porte véritablement le film sur ses épaules. En parvenant à communiquer ses émotions avec autant d’acuité, elle donne vraiment toute son épaisseur au film et au propos. Il ne faudrait pas non plus oublier la figure inquiétante incarnée par Menashe Noy. Finalement, la seule réelle limite de ce film repose sur le personnage du mari. Non que l’acteur qui lui donne vie, Oshri Cohen, n’ait quoi que ce soit à se reprocher, mais il reste exploité d’une manière un peu trop superficielle pour vraiment apporter une dimension supplémentaire à cette histoire. Cependant, le reste se suffit largement à lui-même.
LA NOTE : 14/20
Fiche technique :
Réalisation : Michal Aviad
Scénario : Michal Aviad, Sharon Azulay Eyal, Michal Vinik
Production : Ayelet Kait, Amir Harel
Photographie : Daniel Miller
Montage : Nili Feller
Décors : Eyal Elhadad
Casting : Michal Koren
Costumes : Keren Eyal-Melamed
Casting :
Liron Ben-Shlush : Orna
Menashe Noy : Benny
Oshri Cohen : Ofer