Grand Corps Malade fait partie de ses gens horripilants qui font preuve d’un talent fou dans tout ce qu’ils touchent. A l’image de Orelsan avec Comme c’est Loin, il avait parfaitement réussi son passage sur grand écran avec Patients. Dans les deux cas, ces artistes nous avaient livré des œuvres très personnelles racontant en grande partie leur propre histoire. Avec la Vie Scolaire, il nous offre une œuvre plus distanciée, nous plongeant dans le quotidien d’un collège des nos jours et non à l’époque de sa propre adolescence. Il s’agit d’un exercice très différent et a priori plus difficile (même si parler de soi ne l’est pas toujours). Mais force est de constater qu’il continue de s’en sortir avec beaucoup de brio.
La Vie Scolaire possède clairement moins de force que Patients. On en sort pas bouleversé, on y rit moins, on y pleure moins. Mais on en ressort la tête plein de questions, face à cette belle réflexion sur le système scolaire dans les quartiers difficiles. Une réflexion dont le plus grand mérite et le plus grand intérêt est d’embarquer dans le même élan les élèves, l’équipe éducative et même les parents (qui sont tout de même un peu plus en retrait). Traiter le problème par ces deux facettes indissociables, sans clichés, sans manichéisme n’était pas un exercice facile mais Grand Corps Malade et Medhi Idir s’en sortent beaucoup mieux que d’autres qui s’y sont essayés. Le seul reproche que l’on peut formuler à leur encontre reste l’absence d’une vraie conclusion. Certes la fin quelque peu ouverte permet à chacun de livrer sa propre interprétation, mais on aurait aimé qu’ils prennent vraiment parti.
La distribution de la Vie Scolaire offre à Zita Hanrot le grand rôle auquel son talent la destinait. Elle irradie à chaque fois qu’elle apparaît à l’écran et donne à son personnage profondeur et crédibilité, alors que cela n’avait rien de forcément évident. La vraie star du film reste néanmoins le casting adolescent qui nous offre une formidable galerie de personnages. Le jeune Liam Pierron livre une prestation remarquable qui sera, n’en doutons pas, remarqué (futur Oscar du Meilleur Espoir Masculin ?). Une réalisation subtile et maîtrisée finit de donner à ce film assez de qualités pour valoir un petit détour, mais peut-être pas le voyage. Mais à la fois, la Seine-Saint-Denis, ce n’est pas très loin !
LA NOTE : 12,5/20
Fiche technique :
Production : Mandarin production, Kallouche cinéma, France 3 cinéma
Distribution : Gaumont
Réalisation : Grand Corps Malade, Mehdi Idir
Scénario : Grand Corps Malade, Mehdi Idir
Montage : Laure Gardette
Photo : Antoine Monod
Décors : Sylvie Olivé
Musique : Angelo Foley
Durée : 111 min
Casting :
Zita Hanrot : Samia
Liam Pierron : Yanis
Soufiane Guerrab : Messaoud
Moussa Mansaly : Moussa
Alban Ivanov : Dylan
Antoine Reinartz : Thierry Bouchard