Jusqu’à présent, aucun des films d’Arnaud Depleschin ne m’avait pleinement convaincu. Je continue à aller voir néanmoins sans aucune hésitation chacune de ses œuvres, car je reconnais à chacune d’elles un réel intérêt, mais gâché par un caractère inabouti et une forme qui pousse souvent le spectateur vers l’ennui. Je suis donc très heureux de dire que je suis enfin pleinement enthousiaste devant un long métrage de ce réalisateur majeur du cinéma hexagonal. En effet, Roubaix, une Lumière est un film remarquable à bien des points de vue.
Le seul regret devant Roubaix, une Lumière est de constater à quel point la promotion de ce film a tenté de le faire passer pour ce qu’il n’est pas. Non, il ne s’agit certainement pas d’un polar, du moins pas au sens auquel on l’entend d’habitude. Il s’agit d’un film de personnages, d’une chronique sociale, d’un portrait de la misère qui caractérise cette ville. Le choix de le faire à travers le quotidien d’un commissariat et au final à travers une enquête policière ne constitue que le choix du support pour un propos qui va bien au-delà. Un choix judicieux car, cette fois, il détourne totalement le spectateur de l’ennui. Ce dernier peut donc apprécier pleinement le récit, ses multiples facettes et sa profondeur.
Roubaix, une Lumière bénéficie de la présence à l’écran de Roschdy Zem. Etre dythirambique sur sa prestation semble inutile, tant il est couvert d’éloges à chacun de ses films. Ici, il prend ce pendant une dimension supplémentaire, celle d’un immense acteur qui rencontre un des quelques rôles qu’il parvient à habiter de tout son être. Grandiose, magnifique, incroyable, il n’y a guère de mots pour définir à quel point il irradie de talent. Léa Seydoux et Sara Forestier ont d’autant plus de mérite à occuper elles aussi une grande place à l’écran, dans des rôles qui les poussent, avec beaucoup de bonheur, en dehors de leur registre habituel. Tout cela concourt à la réussite de ce film qui marque un sommet dans la carrière d’Arnaud Depleschin.
LA NOTE : 14/20
Fiche technique :
Production : Why Not Productions, Arte France
Réalisation : Arnaud Desplechin
Scénario : Arnaud Desplechin, Léa Mysius
Montage : Laurence Briaud
Photo : Irina Lubtchansky
Distribution : Le Pacte
Musique : Grégoire Hetzel
Durée : 114 min
Casting :
Roschdy Zem : Daoud
Léa Seydoux : Claude
Sara Forestier : Marie
Antoine Reinartz : Louis