Aller voir un film centré sur deux personnalités (je ne parle pas des artistes) que je déteste au plus haut point peut d’apparenter à une forme de masochisme. Peut-être s’agit-il d’une sorte de curiosité voyeuriste, un peu comme les petits vieux qui espionnent leurs voisins qu’ils méprisent par l’œilleton. Je retiendrai donc cette dernière raison liée à mon grand âge pour expliquer pourquoi j’ai été voir Thalasso. Cependant, vu mon manque d’enthousiasme vis-à-vis de ce film (doux euphémisme), je me dis que les années qui passent n’apportent pas qu’une sagesse susceptible de vous faire faire les bons choix.
Pendant une petite moitié, le film intrigue assez pour capter l’attention du spectateur. Michel Houellebecq et Gérard Depardieu sont égaux à eux-mêmes, tout en s’auto-parodiant de manière assez savoureuse. Ils ont bien des défauts, mais ne manquent sûrement pas d’autodérision. On s’en amuse, on sourit et on finit surtout par s’en lasser. Parce qu’au-delà de ça, Thalasso s’apparente à un grand néant. Le fil rouge narratif qui finit par se superposer a ce double numéro de cabotinage ne présente strictement aucun intérêt, même s’il parlera peut-être de manière plus flagrante à ceux qui ont vu l’Enlèvement de Michel Houellebecq, dont il fait réapparaître les principaux personnages. Les autres se contrefoutent royalement de cette histoire de vieille dame fugueuse qui finit par prendre toute la place. Cela nous mène à un final qui sonne avant tout comme un aveu d’impuissance, Guillaume Nicloux se montrant incapable d’apporter une conclusion à une histoire qui n’en est pas vraiment une.
Thalasso n’est pas un film. Pourtant, on peut faire un film, voire même un bon film, avec trois fois rien. Mais vraiment rien, ce n’est pas possible. L’intérêt de ce film repose uniquement sur la capacité d’autodérision du duo. Qu’on les aime ou qu’on les déteste, on appréciera cet aspect, mais au-delà de ça, il n’y a rien à aimer. La réalisation est fade et vous aurez déjà compris ce que je pense globalement du scénario. Un bon mot toutes les dix minutes, même prononcés par deux personnalités hors du commun, c’est quand même un peu léger. Extraire cinq minutes de ce film suffit à offrir tout ce qu’il y a d’intéressant. Les 88 minutes restantes nous permettent juste de toucher de près ce que signifie le vide.
LA NOTE : 5/20
Fiche technique :
Production : Les films du Worso, Wild Bunch
Distribution : Wild Bunch distribution
Réalisation : Guillaume Nicloux
Scénario : Guillaume Nicloux
Montage : Guy Lecorne
Photo : Christophe Offenstein
Musique : Julien Doré
Durée : 93 min
Casting :
Michel Houellebecq : Michel
Gérard Depardieu : Gérard
Maxime Lefrançois : Maxime
Mathieu Nicourt : Mathieu
Daria Panchenko : Daria
Françoise Lebrun : Françoise
Jade Roberts : Sly
Luc Schwartz : Luc