Devenir fou n’est pas quelque chose qui arrive tous les jours, ni très facilement. Mais le cinéma n’étant pas tout à fait le reflet de la réalité, on y assiste souvent à des chutes vers la folie, parfois particulièrement spectaculaires et rapides, spectacle parfois particulièrement fascinant. Un nouvel exemple avec The Lighthouse. Mais si ce genre de glissement d’un personnage vers la folie est un point de départ solide pour bâtir une histoire, il faut l’agrémenter de bien d’autres choses pour lui donner du sens et par là même un certain intérêt. C’est bien ce qui manque ici, où l’esthétisme ne peut rattraper une profonde vanité.
A toutes les critiques que l’on peut énoncer à l’encontre de The Lighthouse, on a parfois l’impression que Robert Eggers pense qu’il pourra y opposer un seul argument : « oui mais c’est en noir et blanc ! ». Il est vrai que cela donne une vraie personnalité visuelle au film mais cela paraît parfois aussi comme un artifice pour masquer le vide qui l’habite et se donner un style un peu « intello ». Mais un joli creux reste désespérément creux. Le spectacle proposé est relativement gratuit et finit très vite par lasser. Le film dure près de deux heures et on a l’impression d’assister toujours plus ou moins à la même chose, même si tout va crescendo. Plus l’histoire avance, plus la frontière entre délire et réalité se brouille, mais ni l’un, ni l’autre ne nous émeut. Les allers et retours incessants entre les deux nous laissent donc totalement froid.
The Lighthouse aurait pu éventuellement valoir le détour pour voir Robert Pattinson dans un rôle loin de son registre habituel. Mais il y a longtemps que cet acteur a su s’éloigner de son image de jeune premier de l’époque de Twilight. Ce n’est pas le premier rôle dans un univers barré et un rien malsain. Mais Robert Eggers n’est pas David Cronenberg. Du coup, il n’y a aucune effet de surprise à attendre de ce côté là. Et voir Willem Dafoe jouer le rôle d’une personnage ayant quelque peu perdu la raison n’est pas non plus une nouveauté jamais vue. Bref, à part la photographie absolument sublime, ce film n’allume vraiment rien dans l’œil du spectateur qui s’ennuie profondément. Au lieu de tomber dans la folie, il tombe dans une torpeur dont il ne sortira qu’en quittant la salle.
LA NOTE : 07/20
Fiche technique :
Production : A24, New Regency, RT Features
Réalisation : Robert Eggers
Scénario : Robert Eggers, Max Eggers
Montage : Louise Ford
Photo : Jarin Blaschke
Décors : Craig Lathrop
Distribution : Universal Pictures International France
Son : Damian Volpe
Musique : Mark Korven
Durée : 118 min
Casting :
Willem Dafoe : Thomas
Robert Pattinson : Ephraim