Certains réalisateurs possèdent un style particulièrement marqué qui ne laisse pas indifférent. Terrence Malick fait partie de ceux-là. Je fais partie de ceux qui ont par exemple trouvé The Tree of Life absolument extraordinaire. Mais je me rappelle aussi très bien de toutes les personnes quittant la salle avant la fin. Je dois admettre que certains de ses films plongent même les spectateurs les plus bienveillants à son égard dans un ennui des plus profonds. Aller voir un de ses films s’apparente donc toujours à un pari. Et un pari risqué puisque la plupart de ses films frôlent les trois heures. C’est un nouvelle fois le cas avec Une Vie Cachée. Mais cette fois, la réussite est pleinement au rendez-vous.
Avec une bonne demi-heure de moins, Une Vie Cachée serait sûrement définitivement un grand film. Cependant, s’il était plus court, il ressemblerait moins à un film de Terrence Malick. La grande force de ce film est de parvenir à allier la puissance esthétique de la réalisation avec une histoire particulièrement forte. On assiste ici à un vrai récit, avec un enjeu fort, une tension dramatique qui saisit le spectateur et le rive à ce film. Il souffre de quelques longueurs en son milieu, mais la première et la dernière partie sont absolument passionnantes. Le propos est riche et bouscule le spectateur. Il prouve aussi que son style si particulier ne le condamne pas à un cinéma uniquement contemplatif. Il peut être aussi au service d’un scénario puissant.
Une Vie Cachée nous offre quelques plans absolument sublimes. Le décor alpin est déjà beau en lui-même, mais il est ici magnifié. Mais la caméra de Terrence Malick sait aussi livrer des scènes intimistes dans des espaces étroits tout aussi belles. Il laisse aussi plus de place aux jeux des acteurs, en offrant de vrais dialogues quand il est connu pour user et abuser des voix-offs, encore bien présentes cependant. L’alternance entre les deux est vraiment au service de l’histoire, décuplant l’émotion qu’elle véhicule et son caractère dramatique. Terrence Malick livre là une de ses œuvres les plus aboutis, peut-être moins spectaculaire que The Tree of Life, mais qui pourra séduire un public plus large.
LA NOTE : 14,5/20
Fiche technique :
Production : Elizabeth Bay Productions, Studio Babelsberg
Réalisation : Terrence Malick
Scénario : Terrence Malick
Montage : Rehman Nizar Ali, Joe Gleason, Sebastian Jones
Photo : Jörg Widmer
Décors : Sebastian T. Krawinkel
Distribution : UGC Distribution
Musique : James Newton Howard
Durée : 173 min
Casting :
August Diehl : Franz Jägerstätter
Valerie Pachner : Franziska Jägerstätter
Maria Simon : Resie
Bruno Gans : Juge Lueben
Matthias Schoenaerts : Capitaine Herder