Le cinéma français a fait du film social une de ses spécialités, sans guère d’équivalent (même si Ken Loach…). Du coup, il devient difficile de proposer un film dans ce genre qui retienne vraiment l’attention et se démarque de la masse. K Contraire n’est pas du tout un mauvais film, mais il est vrai qu’il aborde des thématiques déjà traitées à de nombreuses reprises par d’autres productions hexagonales, parfois de manière plus brillantes ou originales. Les lois de la concurrence sont parfois rudes. Mais il serait injuste de ne pas souligner tout de même les réelles qualités de ce film, qui a enfin de compte beaucoup de mérite d’exister.
K Contraire nous raconte le parcours d’un jeune homme qui sort de prison et replonge immédiatement dans le trafic de stupéfiants pour pouvoir assumer la charge de sa mère profondément dépressive. Un tableau guère réjouissant donc, mais traité tout de même avec beaucoup d’humanité. Les personnages ne sont pas particulièrement attachants. Ils possèdent cependant une grande profondeur qui donne tout son intérêt à ce film, bien plus que les seules péripéties vécues par les protagonistes. Le scénario n’est ni naïvement optimiste, ni désespérément pessimiste. Un juste milieu qui donne de la crédibilité et de quoi nourrir la réflexion du spectateur, qui ne sort donc pas sans rien de la salle.
K Contraire permet en tout cas d’admirer un casting brillant. On n’est évidemment pas surpris de la performance de Sandrine Bonnaire, qui a la très bonne idée de ne pas chercher à en faire trop pour garder la crédibilité de son personnage. Elle laisse toute la lumière au jeune Sandor Funtek qui s’empare avec beaucoup d’énergie de son premier grand rôle. Il tient vraiment le film sur ses épaules avec une assurance étonnante. On peut également apprécier la performance remarquée d’Alexis Manenti, à nouveau dans un rôle secondaire, mais une nouvelle fois remarquable. Tout ce petit monde confirme que la qualité de l’interprétation est une marque de fabrique des films sociaux à la française, même si celui-ci ne marquera pas forcément profondément les mémoires.
LA NOTE : 11,5/20
Fiche technique :
Réalisation : Sarah Marx
Scénario : Sarah Marx, Hamé, Ekoué
Montage : Karine Prido
Photographie : Yoan Cart
Producteur : Hamé Bourokba, Antoni Gimel-Lécosse, Ekoué Labitey, Amaury Markey
Durée : 85 minutes
Casting :
Sandor Funtek : Ulysse
Sandrine Bonnaire : Gabrielle
Alexis Manenti : David
Lauréna Thellier : Laurie
Moussa Sylla : le codétenu