Pour parler d’un sujet grave et sérieux, dramatique et triste, on peut évidemment choisir de raconter une histoire grave et sérieuse, dramatique et triste. Mais on peut aussi prendre le parfait contre-pied et se servir du rire et de la dérision pour passer les mêmes messages. Bien sûr, l’exercice devient alors beaucoup plus périlleux. Il faut avoir un peu de courage pour oser s’aventurer dans cette voie. Certains réalisateurs ont eu cette audace. Depuis la Vie est Belle de Roberto Benigni, on sait que même la thématique de l’Holocauste peut être traitée avec bonheur de cette façon. Une nouvelle preuve avec Jojo Rabbit, même si ce film deviendra certainement moins culte que son illustre prédécesseur.
Taika Waititi a vraiment osé en réalisant ce film. Il y a une vraie prise de risque artistique qui mérite beaucoup de respect à elle seule. C’est ceux qui ne prennent jamais de risque qui ne font jamais d’erreur. Jojo Rabbit est un film largement imparfait, un peu foutraque et pas toujours totalement abouti. Mais il tire de ce bordel organisé une énergie tout à fait appréciable. La réalisation, le casting, le scénario, tout cela s’engage dans la direction définie avec énormément de conviction. Ils finissent par la transmettre au spectateur qui rentre dans cette histoire avec beaucoup de jubilation. Le rire va vite succéder aux larmes, puis au rire, plus aux larmes, mais la douche écossaise est vraiment plaisante ! Chaque émotion nourrit l’autre et c’est elles que l’on retient au final, bien plus que les imperfections.
Jojo Rabbit nous permet de découvrir un duo de comédiens dont la valeur n’attend certainement pas le nombre des années. Roman Griffith Davis et Thomasin McKenzie sont les vraies stars de ce film. On est toujours un peu embêté pour juger les enfants acteurs, mais ce qui leur était demandé ici s’apparentait à un travail d’acteurs que peu d’adultes auraient pu réaliser avec autant de justesse. Ils éclipsent largement Scarlett Johansson et Sam Rockwell, qui proposent un travail sérieux, mais sans génie particulier. La petite déception vient de Taiki Waititi en tant qu’acteur. Son Hitler, ami imaginaire ridicule, reste une des idées pas totalement exploitées de ce film. Mais il a mis tellement de lui-même dans ce film qu’on lui pardonne aisément ce moment de faiblesse pour saluer encore une fois les risques pris ! Qu’il puisse en inspirer d’autres !
LA NOTE : 13/20
Fiche technique :
Production : TSG Entertainment, Piki Films, Defender Films, Czech Anglo Productions
Distribution : 20th Century Fox
Réalisation : Taika Waititi
Scénario : Taika Waititi, roman de Christine Leunens
Montage : Tom Eagles
Photo : Mihai Malaimare
Décors : Ra Vincent
Musique : Michael Giacchino
Durée : 108 min
Casting :
Roman Griffith Davis : Jojo
Thomasin McKenzie : Elsa
Scarlett Johansson : Rosie, la mère
Taiki Waititi : Adolf
Sam Rockwell : Capitaine Klenzendorf
Rebel Wilson : Fraulein Rahm
Alfie Allen : Finkel
Stephen Merchant : Deertz
Archie Yates : Yorki