ETE 85 : Ozon sensible

ete85afficheFrançois Ozon est un réalisateur avec qui j’ai une relation particulière. Non pas que je le connaisse personnellement, mais son œuvre me plonge souvent dans une abîme de perplexité. En effet, il possède un talent de cinéaste comme le 7ème art hexagonal en a rarement connu. Mais dans beaucoup de ses films, cette perfection formelle conduit à une certaine froideur. Même quand il aborde des sujets sulfureux le résultat a quelque chose de lisse, qui nuit à la force des émotions. Cependant, j’ai déjà noté, qu’avec l’âge, ce défaut s’efface et ses films se dotent peu des aspérités qui retiennent profondément l’attention du spectateur. Eté 85 en est une nouvelle preuve !

Eté 85 raconte une histoire que l’on peut avoir l’impression de connaître par cœur. Les premiers amours adolescentes, l’homosexualité, le personnage séducteur et irrésistible, mais terriblement instable… Autant d’éléments qui ont nourri bien des scénarios. Cependant, la narration est ici d’une grande intelligente pour maintenir une tension constante. Certes, le procédé pour y parvenir, l’histoire racontée en flash-back, n’est pas non plus hyper original, mais la maîtrise de François Ozon lui permet de fonctionner à merveille et d’entraîner le spectateur. On est vite intrigué par le récit et on se demande jusqu’au bout où il va nous mener.

ete85Mais où Eté 85 prend tout son intérêt, c’est dans la sensualité qui s’en dégage. Or celle-ci ne peut naître si l’image est trop lisse. Ici elle respire souvent le désir, entre les deux personnages principaux, mais pas que. Cela tient au talent de réalisateur de François Ozon, mais aussi à la qualité du casting. Les jeunes Felix Lefebvre et Benjamin Voisin incarnent réellement leurs personnages, alors que les rôles n’ont rien de facile. Sur eux, veille un casting beaucoup plus expérimenté avec une Valeria Bruni Tedeschi impeccable et un Melvil Poupaud pas toujours crédible. Tout cela fait de ce film une œuvre aboutie. Peut-être pas la plus marquante de la filmographie de François Ozon, mais une des plus sensibles.

LA NOTE : 13/20

Fiche technique :
Réalisation et scénario : François Ozon, d’après le roman La Danse du coucou (Dance on My Grave) d’Aidan Chambers
Décors : Benoît Barouh
Costumes : Pascaline Chavanne
Musique : Jean-Benoît Dunckel
Photographie : Hichame Alaouié
Son : Brigitte Taillandier
Montage : Laure Gardette
Production : Éric Altmayer et Nicolas Altmayer
Durée : 100 minutes

Casting :
Félix Lefebvre : Alexis Robin
Benjamin Voisin : David Gorman
Philippine Velge : Kate
Valeria Bruni Tedeschi : Madame Gorman
Melvil Poupaud : Monsieur Lefèvre
Isabelle Nanty : Madame Robin
Laurent Fernandez : Monsieur Robin
Aurore Broutin : l’éducatrice
Bruno Lochet : Bernard
Antoine Simony : Chris
Yoann Zimmer : Luc

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