TOUT CA, POUR CA : 10 ANS DE MILITANTISME AU PARTI SOCIALISTE : EPISODE 30 : On va faire comme d’habitude…

episode30Le calendrier électoral laisse rarement aux militants politiques l’occasion de s’accorder une véritable pause. Un an après les municipales eurent lieu, en 2015 les élections départementales. Elles portaient pour la première ce nom, ce qui les rendait tout de même nettement plus compréhensibles. Il faut se rappeler que précédemment, elles s’appelaient les élections cantonales, qui permettaient d’élire des conseillers généraux qui géraient le département… L’éloignement des citoyens de la démocratie vient aussi de ce genre de détail qui peut paraître insignifiant à tous ceux dont la culture politique est solide.

Autre grande nouveauté, la division du nombre de circonscription par deux pour en former des plus grandes, au sein desquels les électeurs étaient amenés à voter non pas pour un, mais pour un ticket paritaire. Avant cette belle innovation que l’on doit à l’action de François Hollande, les conseils généraux (départementaux) ressemblaient à des clubs réservés aux hommes. Avec ce système, ils se trouvaient condamnés à devenir paritaires. Quelques notables y perdirent une source de revenus non négligeables, mais la démocratie y gagnait par contre largement.

Dans l’ancien système, Viroflay était une « ville-canton », ce qui assurait généralement au Maire la possibilité de cumuler avec la fonction de conseiller général. La tradition aurait pu s’arrêter là puisque le nouveau découpage faisait cohabiter notre ville avec de nombreuses autres au sein de notre circonscription, mais le duo choisit par la droite comprenait bien mon adversaire préféré. Dans l’ancienne configuration, je ne me serais pas vraiment posé la question et j’aurais naturellement été candidat, sauf à voir un camarade se porter volontaire. Dans la nouvelle, avant de pouvoir l’être, il m’aurait fallu être investi par le PS. Or je n’étais pas le seul candidat potentiel dans la circonscription.

A la Section, certains m’ont incité à candidater. Cela semblait naturel dans la continuité des élections municipales. Je me rappelle avoir réfléchi, mais ma réponse fut rapide. Je laissais volontiers la place à mon homologue et ami de Vélizy. Il y avait plusieurs raisons à ce retrait. Déjà, le poids relatif des différentes sections ne me garantissait pas du tout l’investiture, au contraire même, et je n’avais pas du tout envie de batailler pour l’obtenir. Et surtout, je savais déjà que je serais amené à quitter prochainement Viroflay et je n’avais donc rien à gagner à être candidat. En effet, pour un candidat de gauche, le combat était perdu d’avance. Mais dans une stratégie à plus long terme, ce genre d’élection peut permettre d’asseoir une certaine notoriété locale. Je n’en voyais pas l’intérêt dans mon cas personnel.

J’ai cependant joué un rôle actif dans cette élection puisque j’héritais du titre de directeur de campagne. Je me suis donc retrouvé à coordonner la campagne menée par notre quatuor de candidats. En effet, aux côté des deux titulaires, il fallait compter sur un duo de suppléants. Pour la suppléante, nous avions réussi à convaincre celle qui aurait du être élue avec moi au Conseil Municipal si nous avions gardé quatre élus. Un moyen d’entretenir toute l’énergie et la motivation dont elle avait su faire preuve pendant la campagne des municipales. Elle démontra les mêmes qualités pendant celle qui nous intéresse ici. C’était donc un très bon choix.

Pour compléter le quatuor, on choisit deux figures « historiques » du PS sur la circonscription. Des militants de longue date, ayant déjà été de nombreuses fois candidats à diverses élections locales. Cela pouvait paraître un bon choix, un bon équilibre entre renouvellement et expérience. Malheureusement, malgré tout le respect que j’ai pour l’expérience, devant moi aussi de plus en plus vieux, celle-ci peut être aussi un boulet d’une lourdeur rédhibitoire.

J’avais envie pour cette campagne de poursuivre la recherche d’actions nouvelles et innovantes entreprises, sans doute trop timidement, lors de la campagne des municipales. Je pense que le candidat et la suppléante en auraient été ravis. Cependant, à la première réunion de campagne, le suppléant sortit cette phrase magnifique « j’ai déjà été candidat sept fois (je crois que c’était sept… c’était beaucoup en tout cas), je sais comment faire campagne, on va donc faire comme on a toujours fait»… La réponse que j’aurais du apporter était « Oui, mais ça fait sept fois que tu perds les élections, donc on va faire autrement ». J’avoue que je n’avais ni l’envie, ni la motivation de mener cette campagne en créant d’emblée une tension au sein de l’équipe. Alors du coup, on a fait comme d’habitude…

Je n’ai pas donc grand chose à dire sur nos actions de campagne. Tracts et distributions en gare ou au marché, réunions publiques devant pas grand monde, si ce n’est les copains déjà acquis à la cause. Bref, les grands classiques. Je me rappelle juste d’un porte-à-porte avec Benoît Hamon que j’avais gentiment esquivé, sans autre raison que l’absence envie d’aller jouer les hypocrites en compagnie d’une « star » que je combattais par ailleurs. Cependant, malgré le manque d’originalité, nous faisions campagne avec la plus grande application car l’enjeu n’était pas nul.

En effet, si nous n’imaginions pas gagner, nous voulions éviter à tout prix de nous faire évincer dès le premier tour au profit du FN. Ceci sera le cas dans plusieurs circonscriptions des Yvelines et malgré un score assez faible (moins de 20%) nous sommes parvenus à finir deuxième au premier tour, devant le parti frontiste. Mais l’honnêteté intellectuelle doit me faire reconnaître que nous n’avons obtenu ce résultat que grâce à la présence de candidats issus de la Manif pour Tous, ayant fait un score conséquent dans notre secteur. J’échappais cependant à l’humiliation d’être le directeur d’une campagne qui aurait emmené le PS à finir derrière le FN et je continue à être heureux de ne pas avoir vécu cela.

Au soir du premier tour, au bureau central de la circonscription, à la Mairie de Versailles, nous nous sentons donc soulagés, heureux d’avoir rempli notre modeste objectif. Nous cherchons cependant à entamer la discussion avec les candidats écologistes et communistes pour qu’ils nous apportent leur soutien pour le deuxième tour. Mais ces derniers ont quitté les lieux, certainement volontairement, dans la seconde de la proclamation des résultats. Ce genre d’attitude qui explique pourquoi je ne suis certainement pas le plus grand partisan de l’union avec ces partis au comportement souvent indigne. Mais j’y reviendrai dans mon futur billet sur les dernières régionales.

Je suis sévère avec eux ? Peut-être. Il n’empêche que pendant cette campagne c’est bien encore les militants socialistes qui se trouvaient sur le terrain à tracter en même temps que le Front National et la Manif pour Tous qui avaient depuis longtemps arrêté de se cacher. Et je suis particulièrement bien placé pour le dire. Un dimanche sur la fin d’un tractage au marché, le candidat de la Manif pour Tous, qui était de Viroflay, vient me parler. L’échange est poli et nous débattons de manière tout ce qu’il y a de républicaine de questions économiques. Pendant ce temps, mes camarades terminent leur ouvrage et me laissent seul. C’est alors qu’une autre militante de la Manif pour Tous vient se mêler à la conversation. Elle essaye bien d’avancer des arguments, mais elle n’a visiblement pas la culture économique pour réellement participer à l’échange. Cela l’agace que je lui oppose systématiquement un chiffre ou un fait, sans qu’elle puisse rebondir. C’est alors qu’elle me sort, sur un ton particulièrement agressif, l’argument absolu : « Et X milliers d’avortements par an, c’est un pays qui va bien ? ». Aucun rapport avec le sujet de la conversation, mais elle n’avait pas pu s’empêcher de finir par déverser sa haine sectaire. Je mis alors fin à la conversation en lui répondant d’un ton ferme qu’elle faisait partie des personnes que j’étais fier de combattre.

Pour l’anecdote, au deuxième tour, la droite fit plus du double de notre score. Mais l’essentiel était ailleurs pour nous. Par contre, au niveau du département, la gauche ne remporta aucune circonscription. Le Conseil Général des Yvelines se trouvait composé uniquement d’élus LR et assimilés, devenant le seul département à l’assemblée sans opposition. Comme je ne regrette pas de l’avoir quitté…

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