CHRONIQUE DES JO DE TOKYO : JOUR 11: Petits sports, grands souvenirs

Tauseef MUSTAFA / AFP

Parmi les lieux communs qui peuplent les discussions sur les Jeux Olympiques, il y a les fameux « sports que l’on ne regarde que tous les quatre ans ». Et comme beaucoup de clichés, cela s’avère en fait parfaitement fondé, même si l’utiliser semble facile et un rien vulgaire quand on cherche à être éclairé et pointu. Car comment nier que je n’ai vu strictement aucune image de tir ou de concours complet entre les Jeux de Rio et ceux de Tokyo. Je ne sais même pas si j’ai vraiment lu un article de l’Equipe évoquant ces sports dans l’intervalle. Je me suis peut-être juste contenté de parcourir quelques gros titres (enfin pas trop gros non plus…). Mais alors pourquoi vibrer tout à coup pour ces sports qui laissent par ailleurs indifférents ?

La réponse est simple… la magie des Jeux… OK, non, je ne vais pas me contenter de cette nouvelle banalité, mes chroniques valent mieux que cela. Car la question mérite que l’on s’y attarde. Car, avec un peu de recul, c’est assez extraordinaire d’avoir vibré devant une épreuve de tir qui bénéficiait d’une réalisation par la télévision japonaise absolument apocalyptique, puisqu’il n’y avait aucune caméra pour filmer les cibles. Regarder l’épreuve du tir du jour revenait à peu près à l’écouter à la radio. En termes de grand spectacle, on a fait mieux, avouons-le. Mais le fait que cette compétition se déroule aux Jeux Olympiques, qu’un Français soit en course pour une médaille d’or, suffisait à créer un enjeu dramatique, captant l’attention et créant de la tension.

Cela fait peut-être de tous ceux qui ont suivi comme moi l’épreuve le cœur battant de dangereux nationalistes chauvins, n’empêche que la même compétition sans un athlète français engagé n’aurait eu strictement aucun intérêt. Cet argument est d’ailleurs souvent repris pour dénoncer les compétitions sportives comme des vecteurs de haine, malgré l’image d’un monde rassemblé donné à la cérémonie d’ouverture. Ceux-là oublient un élément important de la magie des Jeux Olympiques. Par sa diversité d’épreuves et le nombre de médailles distribuées, presque tous les pays auront leur part de rêve et de triomphe. 87 pays ont récolté au moins une médaille à Rio, il y en a donc pour tout le monde (oui, je sais techniquement, il existe un peu plus de 200 pays dans le monde, donc ma phrase n’est pas vraiment exacte…).

Dans tous les pays du monde (ou presque donc), chacun pourra donc se forger des souvenirs différents sur des sports différents. Il en existe où l’on vibre pour du hockey sur gazon ou du softball, sports où la France est totalement absente et qu’on ne voit donc même pas forcément tous les quatre ans. Et si un jour, nous nous mettons à briller dans ces sports, à l’occasion d’une édition des Jeux Olympiques, je les suivrai avec les mêmes avidité et enthousiasme. Ils me feront de beaux souvenirs inédits, comme celui que m’a offert Jean Quiquampoix aujourd’hui. Ce dernier ne m’incitera pas regarder de compétition de tirs avant Paris 2024, mais j’ai déjà hâte de voir s’il parviendra à conserver son titre dans trois ans.

En 1992, pour les premiers Jeux Olympiques, la première médaille remportée par la France l’a été par Jean-Pierre Amat. Une médaille d’argent au tir à la carabine (il remportera à l’or quatre ans plus tard). C’était il y a 29 ans, mais c’est un souvenir gravé à jamais en moi. Non parce que c’était du tir et que j’adore cette discipline. Mais parce qu’il a été le premier à ancrer en moi cette magie des Jeux. Longue vie aux épreuves de tir aux Jeux Olympiques !

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