LA DÉBÂCLE (Émile Zola) : La fin d’un monde

Tout au bout d’une grande saga, on s’attend d’abord à une fin, qui achève la narration et marque le bout des fils de l’intrigue, puis à un conclusion, qui tire les leçons de tout ce qui a été raconté. Pour la saga des Rougon-Macquart, Emile Zola nous propose d’abord la Débâcle, récit de la défaite militaire de la France face à l’Allemagne en 1870. Elle marquera la fin du règne de Napoléon III, dont la saga a cherché à brosser un portrait le plus exhaustif possible. Il s’agit donc de l’aboutissement du fil rouge avec lequel ont été brodé les 18 romans qui l’ont précédé. Un aboutissement d’une formidable intensité.

Le titre même de la Débâcle indique à quel point Emile Zola cherche à mettre en avant la fin prévisible d’un régime, dont il n’aura cessé de dénoncer les travers. Mais paradoxalement, le roman parle bien plus du destin individuel et humain des simples soldats, que des erreurs tactiques commises par les généraux. Ces derniers ne sont cependant pas absents, puisque le travail de reconstitution des événements militaires est d’une incroyable précision. Cela constitue cependant un simple arrière-fond, quand on partage avec une force magistrale le quotidien des fantassins et de quelques civils dont le destin va se briser dans un conflit dont ils ont parfois bien du mal à saisir le sens. Rarement une œuvre n’aura décrit à quel point la guerre est une horreur pur et simple, dont il ne ressort rien de bon, quelle que soit sa bravoure.

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