HUMPDAY : N’est pas Woody qui veut !

humpdayafficheAh qu’est ce qu’on ne dit pas comme conneries sous l’effet de l’alcool ! On se sent souvent très courageux, prêt à relever tous les défis. Mais une fois, l’effet disparu, on fait nettement moins le fier et on n’a bien du mal à assumer ce que l’on a dit la veille. C’est sur cette idée de départ, que l’on a tous plus ou moins expérimenté, qu’est basé Humpday, un petit film indépendant américain qui aurait pu être génial. Oui, qui aurait pu…

Andrew et Ben sont deux copains de fac au parcours très différent. L’un est marié, rangé, ingénieur, l’autre mène une vie de bohème, dans un milieu artistique totalement désargenté. Quand l’un débarque chez l’autre à l’improviste à deux heures du matin, ils sont heureux de se retrouver, sous le regard quelque peu surpris de la femme de Ben. Le lendemain, lors d’une soirée arrosée, ils en viennent à parler d’un festival porno amateur… et décide d’y participer en se filmant en train de faire l’amour l’un avec l’autre. Qu’en sera-t-il le lendemain,  une fois  la gueule de bois dissipée ?

Humpday nous est vendu comme une comédie. C’est certes le genre cinématographique dans lequel il semble le plus à sa place, mais plutôt du côté des comédies de mœurs. Il n’y pas ici à proprement parlé de « gags », simplement des situations saugrenues et quelques répliques savoureuses… noyées dans un océan de dialogue.

Humpday est en effet un film extrêmement bavard. En fait, toutes les scènes consistent en une discussion entre deux ou trois personnes. Ca aurait donc presque pu ressembler à du Woody Allen, mais malheureusement on n’en est loin. Là où notre new-yorkais préféré insuffle rythme et énergie dans les échanges entre ses personnages, Lynn Shelton se contente de filmer sans aucune imagination ses acteurs qui débitent leur texte avec plus ou moins de conviction. Non que ces derniers soient mauvais, loin de là, mais simplement, on aurait aimé plus de peps et plus d’énergie. Du coup, le film ne décolle jamais vraiment et l’enthousiasme du spectateur non plus !

humpdayCe qui sauve quand même Humpday, c’est l’envie du spectateur de savoir comment tout cela va bien pouvoir finir. Là, on peut reconnaître une grande intelligence à Lynn Shelton qui a su nous préserver d’un dénouement cousu de fil blanc. Mais la fin, à l’image du reste du film, souffre d’un manque de souffle qui ne permet pas d’apprécier à sa juste valeur son intelligence et sa subtilité.

Humpday est vraiment l’archétype du scénario gâché par une mise en scène trop plate. Car les thèmes abordés sont riches : l’amitié, le couple, la fierté, mais surtout une belle réflexion sur l’écart entre l’image qu’on a de soi-même, l’image qu’ont les autres de soi et ce que l’on est vraiment. Tous ces ingrédients auraient pu donner un résultat vraiment intéressant, mais on flirte trop souvent avec l’ennui dans ce film pour pouvoir l’apprécier.

Humpday n’est donc pas le film surprise qu’il aurait pu être. La médiocrité de la mise en scène constitue un handicap trop lourd pour que l’originalité se suffise à elle-même.

Fiche technique :
Production : Magnolia Pictures
Réalisation : Lynn Shelton
Scénario : Lynn Shelton
Montage : Nat Sanders, Sean Donavan
Photo : Benjamin Kasulke
Décors : Jasminka Vukcevic
Distribution : Pyramide Distribution
Son : Vince Smith
Musique : Vinny Smith
Durée : 95 mn
 
Casting :
Mark Duplass : Ben
Joshua Leonard : Andrew
Lynn Shelton : Monica
Alycia Delmore : Anna

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