DISTRICT 9 : Etonnamment étonnant

district9afficheIl y’a des films avec qui l’histoire semblait pourtant mal barrée, mais avec qui ça se termine bien. Un peu comme au cinéma donc. C’est le cas de District 9. Un jour des amis m’ont parlé d’une bande-annonce d’un film qui avait l’air pathétique, avec un parallèle à 30 centimes d’euros entre des aliens et l’apartheid. Quelques jours plus tard, j’ai moi-même vu la fameuse bande-annonce. Et là, je fus partagé. Certes, on pouvait craindre que le film s’avère être un gros navet, mais à la fois, j’ai réalisé qu’il s’agissait de District 9, le nouveau projet produit par Peter Jackson et qui était très attendu. Et lorsqu’il est sorti et que j’ai lu des critiques relativement unanimes, j’ai été quelque peu étonné. Je m’y suis donc rendu moi-même et je dois admettre que District 9 est réellement un excellent film, très différent de ce que l’on aurait pu croire au départ.

En fait, je conseille à tous ceux qui ont de toute façon l’intention de le voir d’en lire le minimum à son sujet, car ce film vous surprendra agréablement et il serait dommage de gâcher ça.

Dans un futur plus ou moins proche, la Terre est abordée par un vaisseau alien qui se met à flotter immobile au-dessus de Johannesburg. A l’intérieur, un gros million d’extra-terrestres, affamés et en mauvaise santé. Ils sont recueillis sur Terre, mais la cohabitation est difficile. Ils se retrouvent alors dans un camp qui se transforme vite en bidonville, clôturé et gardé par les militaires, appelé District 9. Mais celui-ci se trouve encore trop près des populations humaines. Les autorités décident donc de procéder au déplacement du camp entier vers une nouvelle installation.

Le film est en fait en grande partie tournée comme un reportage. Diverses personnes témoignent donc d’évènements passés. On comprend donc très vite que quelque chose d’exceptionnel s’est passé et que le film est centré, non sur l’évacuation en elle-même, mais sur le destin d’un homme, Wikus van der Merwe, le responsable administratif de terrain de cette évacuation. En fait, dès le premier quart d’heure, on comprend que l’on ne va pas du tout assister au film auquel on s’attendait.

Allergiques à la science-fiction et aux Space Operas, District 9 peut être quand même fait pour vous. Bien sûr, il faut accepter l’aspect imaginaire du contexte, mais il n’en reste pas moins que le scénario n’est absolument pas le scénario d’un film d’action basique. Il n’y en a d’ailleurs pas tant que ça, on est plus proche d’un polar que de Star Trek à ce niveau là. Seules les vingt dernières minutes sont vraiment « musclées ».

Et pour ceux qui auraient peur, non, District 9 n’est en rien une histoire sur la réconciliation des peuples qui se sont battus, sur la compréhension qui peut se faire malgré les différences. Non, c’est un film sur la haine entre les peuples, sur la haine de la différence et rien ne vient ajouter une note d’optimisme. D’ailleurs, la fin est absolument remarquable, non, par ce que l’on y trouve, mais par ce que l’on n’y trouve pas, alors que les perches sont plusieurs fois lancées et que 99% des films hollywoodiens les auraient saisi.

distric9Plus généralement, District 9 trouve autant son intérêt dans ce qu’il est, un film intelligent, avec un réel suspense que dans ce qu’il n’est pas et aurait pu être tellement facilement. On est tellement habitué aux codes hollywoodiens, à la barrière entre les genres, à un certain manque de créativité, que l’on passe les deux petites heures de ce film à être surpris très agréablement.

Si District 9 prend un malin plaisir à casser un certain nombre des codes hollywoodiens, il en respecte d’autres, ce qu’il y’a de meilleur en fait. Si les scènes d’action ne sont pas du tout le cœur du film, il n’empêche qu’elles sont particulièrement spectaculaires. De manière générale les effets spéciaux sont superbes. A la fois, c’est une production Peter Jackson, il ne fallait pas s’attendre à quelque chose de médiocre à ce niveau là. Bref, District 9 est la preuve qu’on a le droit de faire d’excellents films, qui vont au delà du simple divertissement, même avec un gros budget et des équipes techniques pléthoriques.

Enfin, un mot sur la prestation de Shartlo Copley, dont le rôle est tellement central dans le film, que de sa prestation découlait forcément une bonne partie de la réussite de ce film. Et là, encore, rien à redire. Il passe à merveille du rôle de fonctionnaire zélé, tête à claques et un peu benêt à celui de fugitif devant redoubler d’ingéniosité pour échapper à ses poursuivants. Un acteur sorti de nul part et qu’on aura la chance de retrouver à l’affiche de la prochaine adaptation de l’Agence Tous Risques sur grand écran… On ne peut pas jouer que dans des grands moments de cinéma…

District 9 est donc un film étonnant, bousculant beaucoup d’idées reçues sur ce que peut être un film à gros budget avec des extra-terrestres dedans. Mais au final, c’est avant tout, un excellent film.

Fiche technique :
Production : Qued International, WingNut Films
Distribution : Metropolitan Film Export
Réalisation : Neill Blomkamp
Scénario : Neill Blomkamp, Terri Tachell
Montage : Julian Clarke
Photo : Trent Opaloch
Format : 35mm
Décors : Philip Ivey
Musique : Clinton Shorter
Effets spéciaux : Steve Ingram, Max Podman
Durée : 112 mn

Casting :
Sharlto Copley : Wikus van der Merwe
David James : Koobus
Jason Cope : Christopher
William Allen Young : Dirk Michael
Nathalie Boltt : Sarah Livingston

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