LE GRAND SOMMEIL : Le mâle, le vrai, enquête

legrandsommeilafficheSi on pense à un justicier qui séduit les femmes d’un seul regard et qui combat des hommes sans foi, ni loi, la plupart d’entre nous penseront à…James Bond ! Mais il n’en a pas toujours été ainsi car à une époque, cette définition aurait été immédiatement associée à Philipp Marlowe, le détective privé auquel nul, et surtout nulle, ne résiste. Ses aventures de nombreuses fois adaptées à l’écran, il a surtout été rendu célèbre par le Grand Sommeil et l’immense Humphrey Bogart.

Philipp Marlowe est appelé par le général Sternwood, dont les deux filles, belles mais incontrôlables, ont une fâcheuse tendance à se mettre dans le pétrin. Et certaines de leurs fréquentations mal intentionnées en profitent pour faire chanter le vieux général. Ce dernier avait déjà chargé quelqu’un d’y mettre fin, mais ce dernier a disparu, apparemment parti avec la femme d’un truand local. Philipp Marlowe découvrira vite que tout cela n’est que la partie visible d’un iceberg sur lequel coulera beaucoup de sang.

Le Grand Sommeil fut longtemps considéré comme une des intrigues les plus complexes de l’histoire du 7ème art. De l’eau a coulé sous les ponts et les cinémas depuis, mais il n’en reste pas moins que ce film possède un scénario parfois quelque peu difficile à suivre. Il comporte beaucoup de personnages, dont les relations les uns avec les autres ne sont parfois pas très claires. Mais d’un autre côté, ceci donne l’impression de partager le point de vue de Philipp Marlowe, qui, lui aussi, met un peu de temps à s’y retrouver.

De toute façon, l’intérêt principal de ce film ne réside pas tant dans son histoire, somme toute très classique pour un polar. Le Grand Sommeil est surtout l’occasion de contempler un des couples les plus inoubliables du cinéma : Humphrey Bogart et Lauren Bacall. Il suffit de regarder ce film et le Faucon Maltais (qui n’est pas une aventure de Philipp Marlowe, contrairement à ce que je pensais…mais qui aurait pu) pour se demander si le métier de détective privé n’a pas été spécialement inventé pour Bogart. Son menton carré, son regard dur, son sourire jamais franc, en font l’archétype du mâle dur et viril, tout en gardant en toute occasion une certaine classe.

legrandsommeilLe détail le plus typique de ce film est la manière dont Philipp Marlowe croise sans arrêt des personnages féminins qui lui font immédiatement de l’œil. Evidemment, il se laisse faire sans jamais vraiment céder, restant impassible dans l’expression du visage, tout en balançant des compliments tous faits qui font soupirer les belles en question. Parmi les personnages, on trouve même un chauffeur de taxi qui est…une femme. Je ne sais pas si vous avez déjà vu une « chauffeuse » de taxi, moi jamais… Elle lui sort un « I am your girl », dans le sens de « je suis votre homme », non « je suis votre petite amie ». Il lui répond presque froidement, comme elle est naturellement très jolie, « I wish you were » (littéralement « j’aimerais que vous le soyez »… Bon, je ne sais pas si les pas doués en anglais auront bien compris le jeu de mots). Bref, tout ça est d’un charme désuet tout à fait savoureux, typique d’une époque où le désir sexuel ne pouvait être exprimé que sous forme d’allusion. Aujourd’hui, on verrait Philipp Marlowe conclure certains de ses échanges dans un lit, ici, il n’en est évidemment pas question.

Reste aussi le charme de la photographie en noir et blanc. Howard Hawkes fut un maître du genre et chacun de ses films est un régal pour les yeux. Il n’a pas son pareil pour mettre en lumière et surtout en valeur le visage de ses acteurs. Et quand on dirige Lauren Bacall et Humphrey Bogart, on a de quoi faire des plans tout ce qu’il y’a de plus magnifiques.

Le grand Sommeil est un grand classique, que tout cinéphile digne de ce nom doit avoir vu… Ok, bon dans ce cas là, avant lundi soir, je n’étais pas un cinéphile digne de ce nom… Bref, ceci est un autre débat. Le film reste un cran en dessous du Faucon Maltais, mais reste un grand mythe du polar hollywoodien.

Fiche technique :
Titre : Le Grand Sommeil
Titre original : The Big Sleep
Réalisateur : Howard Hawks
Scénario : William Faulkner, Leigh Brackett, Jules Furthman, d’après le roman The Big Sleep de Raymond Chandler
Production : Jack Warner et Howard Hawks pour la Warner Bros. Pictures
Musique : Max Steiner
Photographie : Sid Hickox
Montage : Christian Nyby
Décors : Carl Jules Weyl
Costumes : Leah Rhodes
Pays d’origine : États-Unis
Format : Noir et blanc
Genre : film noir, polar
Durée : 114 minutes
Date de sortie : 23 août 1946 première (USA)

Casting :
Humphrey Bogart : Philip Marlowe
Lauren Bacall : Vivian Sternwood
Martha Vickers : Carmen Sternwood
Lois Jean Heydt : Joe Brody
John Ridgely : Eddie Mars
Dorothy Malone : la fille de la librairie
Elisha Cook Jr. : Jones
Regis Toomey : Bernie Ohls
Sonia Darrin : Agnes
Bob Steele : Canino
Tom Rafferty : Carol Lundgren
Charles Waldron : le général Sternwood
Peggy Knudsen : Mona Mars

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