L’AFFAIRE FAREWELL : C’est quand qu’il se passe quelque chose ?

laffairefarewellLe cinéma français accepte enfin de faire des films traitant de l’histoire contemporaine de notre pays et je m’en suis déjà réjouit à maintes reprises. Je renouvellerai cette satisfaction avec l’Affaire Farewell. Mais malheureusement, ma satisfaction s’arrêtera là, car le film n’est pas du tout à la hauteur ni du sujet, ni des moyens mis en œuvre.

En 1981, Pierre Froment est ingénieur chez Thomson à Moscou. Sans jamais vraiment le vouloir, il va se retrouver à devenir l’agent de liaison de Serguei Griogriev, colonel du KGB, qui a décidé de faire passer un maximum d’informations à l’Ouest. Le contenu des documents est explosif et remonte très vite à Mitterrand et à Reagan. Les deux hommes prennent des risques, ils le savent et doivent mentir à leur famille respective.

Le problème de l’Affaire Farewell est assez simple. Il ne s’y passe rien, ou si peu. Seules les dix dernières minutes offrent quelques péripéties, mais étonnement, ce passage est en grande partie sous forme de l’ellipse. On ne sait jamais, le spectateur aurait pu se réveiller. Bref, il n’y avait vraiment pas de quoi en faire un film, mais Christian Carion l’a quand même fait.

En fait, l’Affaire Farewell est essentiellement basé sur les relations des protagonistes avec leur famille. Mais là encore, on en a vite fait le tour. Ils mentent, elles s’en rendent compte et ça se passe mal… Voilà, c’est à peu près tout. Ca ne va pas très loin et c’est surtout sans aucune surprise. En fait, ce film semble totalement ignorer la notion de rebondissement. Vu le sujet, il n’était pas question d’en truffer le scénario, mais surprendre au moins une fois le spectateur par un fait inattendu n’est jamais un luxe.

Ce qui sauverait presque le film, c’est son aspect historique. Certes, les faits relatés ici sont bien sûr largement romancés, mais d’après ce que j’ai pu en lire, reposent tout de même sur une base historique solide. C’est d’ailleurs peut-être ça la plus grande limite de l’Affaire Farewell : en voulant montre l’espionnage tel qu’il fût réellement, on s’aperçoit qu’il est nettement moins passionnant que chez James Bond. Tout n’est pas perdu, on aura au moins appris quelque chose avec ce film.

laffairefarewellphotoReste que l’Affaire Farewell fait un peu gâchis. En effet, les têtes d’affiche étaient prometteuses. D’un côté, Guillaume Canet, toujours aussi talentueux, même s’il commence à tomber dans le travers de la plupart des acteurs français : Guillaume Canet fait du Guillaume Canet. De l’autre, Emir Kusturica qui nous surprend (il fallait quand même une surprise dans se film) en passant de l’autre côté de la caméra. Et bien, cette première est une réussite car il est réellement excellent et porte le film comme il peut à bout de bras en interprétant le seul personnage un minimum charismatique de ce film.

A côté de ça, les photographie est très réussie. Un vrai travail propre et soigné qui fait revivre l’Union Soviétique du début des années 80. Les acteurs qui jouent Mitterrand, Reagan et Gorbatchev leur ressemblent, rien n’est cheap, tout sonne vrai. Bref, du vrai cinéma, avec des moyens. Dommage qu’ils aient été aussi mal employés.

L’Affaire Farewell est donc un film tout simplement ennuyeux alors qu’il avait le potentiel pour être passionnant. C’est regrettable.

Fiche technique :
Production : Nord-Ouest Films, Le Bureau, Pathé, France2 Cinéma, Blackfeet Pictures, Une Hirondelle Productions
Distribution : Pathé Distribution
Réalisation : Christian Carion
Scénario : Eric Raynaud, Christian Carion
Montage : Andréa Sedlackova
Photo : Walther Vanden Ende
Format : 35mm
Décors : Jean-Michel Simonet
Son : Pierre Mertens
Musique : Clint Mensell
Maquillage : Mabi Anzalone
Durée : 113 mn

Casting :
Emir Kusturica : Grigoriev
Guillaume Canet : Pierre
Alexandra Maria Lara : Jessica
Oleskii Gorbunov : Choukov
Philippe Magnan : Mitterrand
Niels Arestrup : Vallier
Fred Ward : Reagan
David Soul : Hutton
William Dafoe : Feeney

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