SI DOUCE NOSTALGIE

10ansdepromoSamedi soir, nous avons été une bonne centaine à venir fêter nos 10 ans d’entrée à l’Agro. Et il faut bien avouer que ce fut une très belle soirée, une de celles dont on se souvient pour toujours. J’aurais bien dit une des plus belles soirées de ma vie, mais ça n’a quand même rien à voir avec la naissance d’un enfant (enfin j’imagine), un mariage (j’imagine aussi) ou la victoire de la France en finale de la Coupe du Monde (ah ça je sais !).

Pourtant, cet été, en parlant de cet événement avec mes camarades de promo que je continue de fréquenter, certains avaient alors émis des doutes sur l’intérêt d’une telle soirée. Il est vrai que les personnes avec qui j’ai pu tisser des liens fort d’amitié pendant ces trois ans font toujours, à quelques rares exceptions près, partie de ma vie et je n’ai pas besoin d’une telle soirée pour les revoir. Quant à revoir les lieux de notre folle jeunesse, là aussi, je n’avais pas besoin de ça, puisque je fréquente régulièrement le site de Grignon pour le boulot. De plus, la salle de soirée et le Cavô ne sont plus ceux qu’on a connu à l’époque. Quant à me trémousser sur de la musique pendant une bonne partie de la nuit, c’est une activité que je pratique encore régulièrement (merci la Penya !) ! Enfin, revoir le film de promo, il me suffit de la mettre dans le magnéto pour en profiter.

Mais voilà, l’émotion, ça ne s’explique pas. Et la soirée de samedi en fut chargée. Non pas celle qui vous oppresse et vous donne envie de pleurer. Non, celle qui vous fait dire que vous vivez un moment rare et qu’il faut le savourer. Un vrai moment de nostalgie certes, mais un de ceux qui vous fait dire aussi que cette époque est bien révolue mais qu’elle n’est pas morte, loin de là.

Lors de mon dernier jour en cours à l’Agro, un élève de master, qui avait donc 10 ans de plus que nous et qui avait déjà fréquenté le monde du travail, nous avait prévenu en nous voyant impatient d’en finir. Les années d’études sont un moment de la vie unique et dont on ne retrouve que trop rarement le goût dans la « vraie » vie. Cette stimulation intellectuelle permanente qui nous enrichit à chaque instant et que l’on vit pour soi, non pour enrichir un patron ou un actionnaire. Cette diversité des savoirs et des tâches, surtout dans notre cursus où nous n’avons que rarement eu plus de 10 cours de la même matière, loin de la routine que l’on vivra forcément, à des degrés plus ou moins importants, dans notre vie d’adultes. Tout cela, il est vrai, on ne le revivra jamais vraiment.

Et ce qui est perdu à jamais, c’est une certaine insouciance. La première année à Grignon est une expérience fantastique que peu de gens dans leur vie auront vécu. 10 mois à vivre dans ce lieu, un peu isolé mais immense, livré à nous mêmes dès les cours terminés, auto-gérés en grande partie par une communauté de 220 élèves. L’absence des 2 et 3ème années sur le site nous a offert un espace de liberté rarissime. Peu de traditions à respecter, mais tellement que nous avons du inventer. Nous avons bâti un monde, presque une culture, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Après, bien sûr, comme chaque règles du jeu, elles ne plaisent pas à tout le monde et je peux comprendre que certains n’aient pas apprécié cette année à sa juste valeur, puisque trop de choses étaient décidées sans qu’on leur demande leur avis. Mais bon, ça s’appelle la vie en société et je doute que quiconque soit sorti traumatisé par cette année à Grignon.

Peut-être que certains m’ont trouvé quelque peu excessif en parlant de culture. Mais si on la définit par un lien intellectuel, mais souvent indéfinissable, qui unit des êtres, je pense que c’est bien le cas. Je ne l’avais peut-être pas réalisé avant samedi. Je n’ai pas fait le tour de tout le monde, mais j’ai bien eu l’impression que toutes les personnes présentes ont apprécié cette soirée, que tous ont ressenti cette émotion, cette nostalgie. Bien sûr, dès aujourd’hui, nous nous sommes à nouveau séparés et peut-être que mon chemin ne croisera plus jamais celui de certaines personnes avec qui j’ai discuté samedi en me disant « ça me fait plaisir de le revoir ». Mais voilà, samedi soir, quelque chose nous unissait, un lien qui n’appartient qu’à nous, qui mourra avec le dernier d’entre nous, le dernier avoir été enthousiaste à un concert des Boule Quiès, le dernier à savoir que les plus belles fesses de la promo appartiennent à Grégoire, de dernier à avoir remporter les Interagros 2000, le dernier à trouver que l’Espace Jean Monet à Rungis est un peu grand pour y organiser une Nuit de l’Agro, le dernier à savoir ce qu’on peut faire dans le domaine de Grignon pendant une panne d’électricité… et tant d’autres choses qui nous rappelleront toujours ce qui restera quoiqu’il en soit des années uniques dans notre existence.

Et pour ce qui me concerne, incontestablement parmi les plus belles…

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