FAUBOURG 36 : Oui mais là non !

faubourg36afficheIl y’a des bande-annonces qui donnent légèrement envie de vomir. Ca déborde de tant de bons sentiments, les ficelles, pardon les cordes, de l’intrigue sont tellement évidentes et tellement faciles, qu’on se jure de ne jamais aller voir un tel film. C’était mon cas avec Fabourg 36, qui sentait la mauvaise exploitation du triomphe des Choristes. Et puis, plusieurs personnes m’en ont dit du bien alors je me suis laissé tenter lors de son passage sur Canal. Mal m’en a pris…

A l’aube de 1936, un cabaret ferme ses portes mettant tous les employés au chômage. L’un d’eux y perdra la garde de son fils. Il décide alors, avec certains de ses anciens collègues, d’occuper le théâtre désaffecté et de remonter un spectacle.

Ne croyez pas une seule seconde que je sois spécialement allergique aux histoires mignonnettes et pleines de bons sentiments. J’ai personnellement adoré les Choristes. Mais voilà, ce genre de film, soit c’est parfaitement réussi, soit cela donne la nausée. Et Faubourg 36 est raté sur tous les plans. La bande-annonce me donnait envie d’appeler ce film Les Choristes au Moulin Rouge… et bien c’est exactement cela, mais en prenant le pire de chacun de ces deux films.

Le scénario déjà. Qu’il soit convenu, certes, c’est tout à fait concevable dans une comédie. Mais là, il y’a tellement peu d’imagination qu’il se répète en proposant deux fois le même rebondissement principal. J’en suis resté sans voix, en ayant du mal à y croire. Les spectateurs sont venus pour voir le théâtre abandonné être retapé et revenir à la vie. Et bien, ils ne seront pas déçus puisque ils assisteront à ce spectacle deux fois, dans une intrigue qui ne couvre même pas une année.

Le casting était alléchant. Il réserve deux bonnes surprises avec une apparition remarquable de Pierre Richard, désormais extrêmement rare à l’écran, et la charmante Nora Arnezeder qui redonnerait envie de retomber amoureux au cœur le plus brisé. Mais en face, le trio Gérard Jugnot, Clovic Cornillac et Kad Mérad s’agite dans tous les sens avec une frénésie vaine qui ne donne jamais la moindre épaisseur à leurs personnages caricaturaux. Mais le comble du ridicule revient à Bernard-Pierre Donadieu qui fait ce qu’il peut pour donner de la crédibilité à son personnage de méchant auquel on croit autant qu’à un banquier qui vous parle de régulation et de transparence.

faubourg36Il reste quelques décors assez réussis. Mais là encore, c’est du Canada Dry quand Moulin Rouge était de la Kilkenny. Ca tente de briller de mille feux, mais ça se limite finalement à 512. Et puis, quand bien même l’écrin serait splendide, le bijou est tellement raté qu’on a envie de le jeter avec le reste.

Tout est facile dans Faubourg 36, chargé d’une fausse émotion, de bons sentiments à en devenir écœurant. Il confond gentillesse et niaiserie, générosité et naïveté, brillant et clinquant. Le mot subtilité est le grand absent de ce film. Il laisse surtout un vide abyssal qui a happé toute la magie qui aurait pu éventuellement naître, laisse place à la consternation. Le seul point positif restera tout de même le dénouement qui ne sonne étrangement pas comme un happy end. Mais bon, il est bien trop tard, le mal est déjà fait.

Faubourg 36 a totalement échoué là où Les Choristes avaient si bien réussi. Mais Christophe Barratier en cherchant à nous refourguer discrètement la même soupe, a surtout pris le risque qu’on la trouve fade et écœurante. Et ça n’a pas manqué.

Fiche technique :
Production : Jacques Perrin, Nicoals Mauvernay, Romain Le Grand, Galatée Films, Constantin Film, France 2, Novo Arturo, Pathé Renn
Distribution : Pathé Distribution
Réalisation : Christophe Barratier
Scénario : Christophe Barratier
Montage : Yves Deschamps
Photo : Tom Stern
Format : 35mm
Décors : Jean Rabasse
Son : Daniel Sobrino, Roman Dymny, Vincent Goujon
Musique : Reinhardt Wagner
Costumes : Carine Sarfati
Durée : 120 mn

Casting :
Gérard Jugnot : Pigoil
Clovis Cornillac : Milou
Kad Merad : Jacky
Nora Arnezeder : Douce
Pierre Richard : Monsieur TSF
Bernard-Pierre Donnadieu : Galapiat
Maxence Perrin : Jojo
François Morel : Célestin
Elisabeth Vitali : Viviane

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