L’APPRENTI DU DIABLE (Ellis Peters) : Miss Marple en robe de bure

lapprentidudiableQuand on pense crime, investigation, coupable démasqué, on pense tout de suite à une vieille dame prenant son thé, genre Miss Marple, ou alors à un détective privé avec un long imperméable, un chapeau et une ville où il pleut tout le temps. Mais, même si c’est plus rare, on peut également penser à un moine dans une abbaye du 12ème siècle. On peut donc penser à Cadfael, personnage crée par Ellis Peters et qui nous plonge en pleine Angleterre moyenâgeuse.

A l’abbaye St Pierre et St Paul de Shrewsbury, le dernier novice, prénommé Meriet, inquiète les autres moines par ses cauchemars à répétition et les cris qu’il pousse la nuit. Il est très vite surnommé l’Apprenti du Diable. Très vite, le perspicace frère Cadfael va chercher à comprendre ce qu’il y’a derrière tout ça. Surtout qu’au même moment, Peter Clemente, ambassadeur du Roi Etienne, a mystérieusement disparu.

Ellis Peters est une romancière anglaise au parcours étonnant. Décorée lors de la Seconde Guerre Mondiale pour son travail dans les communications, elle devint une spécialiste de la littérature tchèque. Puis elle écrivit différents romans historiques et policiers. Puis, à 64 ans, elle décida de mêler les deux pour créer le personnage de Cadfael, dont les aventures comptent 21 tomes et une adaptation en série télévisée. L’image d’une romancière anglaise plutôt âgée revoit donc évidemment à Agatha Christie. Il est vrai que la filiation est indéniable.

Même si le contexte de l’Apprenti du Diable n’a rien à voir avec un Hercule Poirot, on n’est là face à un polar tout ce qu’il y’a de plus classique. Un temps où les enquêtes ne se menait pas à grand coup de test ADN, mais d’interrogatoires, de jugeote et de déductions. Et le frère Cadfael n’en manque pas. Comme tous les personnages de ce type, il est aussi curieux, tenace et va au bout de ses intuitions et de ses raisonnements. Bref il n’a rien à envier à un Columbo des grands soirs ! Même si évidemment, il ne parle pas tout le temps de sa femme…

Mais que ceux qu’Agatha Christie endort de rassure. Le contexte est quand même moins policé que la bourgeoisie anglaise du début du siècle dernier. Il y’a nettement plus de boue et de sang. Bon, il n’y a pas de scènes gores, ni même beaucoup d’action à proprement parler, mais au moins ça sent un peu la sueur et le purin, pas seulement le thé et la camomille.

La plume de Ellis Peters n’a rien à envier à celle de son aînée. Elle maîtrise parfaitement la légèreté du style qui sied à ce genre de lecture. L’Apprenti du Diable se lit donc très facilement et rapidement. Idéal pour les moments de détente, surtout que l’on entre très aisément dans l’intrigue. Et le fait que ce livre soit le 8ème de la série n’a aucune espèce d’importance et ne nuit en rien à la compréhension du récit.

L’Apprenti du Diable n’est donc pas de la grande Littérature avec un grand L, mais de la très bonne littérature policière et historique. Un mélange des genres assez rares (même si de plus en plus répandu) pour satisfaire un large public.

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