LE PETIT NICOLAS : Indigne de Goscinny

lepetitnicolasafficheRené Goscinny est un des plus grands génies de l’histoire de la francophonie. Son humour d’une subtilité remarquable nous a laissé des œuvres qui ont profondément marqué la culture de la seconde moitié du 20ème siècle : Les Dingodossiers, Astérix, Lucky Luke et… le Petit Nicolas. Bon, même si ces derniers temps les mots petit et Nicolas ont tendance à désigner une personne relativement antipathique que l’on voit partout, il servait précédemment à désigner un personnage de roman, dont le héros est un petit garçon espiègle. Le voici enfin adapté sur grand écran. Mais le génie de Goscinny est-il vraiment transcriptible au cinéma ?

Le Petit Nicolas croit comprendre un jour que ses parents vont lui donner un petit frère. Il s’imagine alors les pires catastrophes et craint d’être abandonné dans la forêt. Avec ses amis, il fonde alors une bande secrète pour trouver une solution au problème.

N’y allons pas par quatre chemins, le Petit Nicolas est un film raté et sans intérêt, vaguement mignonnet, même pas vraiment drôle et surtout totalement indigne du génie de Goscinny. Une comédie sans rythme, sans énergie, sans imagination et surtout sans la moindre dose de subtilité. Relire du Goscinny à l’âge adulte nous permet de voir enfin que derrière la farce, il y’a une critique très juste de nos petits travers quotidiens et franchouillards. Du 8ème degré qui nous échappait quand nous étions enfant, mais qui redonne un intérêt à son œuvre à tout âge de la vie.

Rien de tout cela dans le Petit Nicolas, le film, où seuls la farce et l’humour premier degré subsistent. Si au moins, le film avait été une réussite à ce niveau là, on aurait pu pardonner. Mais là, rien ne vient donner à ce film le souffle et l’intérêt minimal que l’on aurait pu attendre pour un tel « blockbuster » à la française. La scène du dîner entre les parents du Petit Nicolas, le patron du père et sa femme aurait du être le moment de bravoure de ce film puisque sa préparation est un des fils rouges de l’intrigue. Le résultat est une scène où l’on voit Valérie Lemercier s’agiter dans tous les sens, sans nous arracher à peine plus qu’un sourire.

lepetitnicolasAutre chose m’a également gêné dans ce film, mais cela reste très personnel. En effet, j’ai trouvé le petit garçon interprétant le Petit Nicolas absolument pas mignon. Au contraire, j’ai eu envie pendant tous le film de lui filer une bonne paire de claques, pour rien, comme ça, juste pour le plaisir. Bon j’exagère un tantinet (je rassure tout le monde, je n’ai pas ce genre de pulsions envers les enfants !). Il y’a, certes, une vraie ressemblance avec le personnage dessiné par Sempé mais du coup, il semble artificiel, un extra-terrestre parmi de vrais petits garçons.

Car heureusement que ses camarades sont là. Ils représentent, avec les décors et les costumes qui forment une reconstitution des années 50 tout à fait remarquable, la seule réussite du film. Au moins, eux, ils y croient et donnent tout ce qu’ils ont. Pas comme la multitude de « guests » qui se contentent du minimum. Sortir Galabru de l’hospice (ok, j’ai décidé d’être méchant ce soir) pour lui faire faire le pitre en Ministre de l’Education, comme moi je suis coureur de 100m, n’était vraiment pas digne de sa grande carrière… Enfin, si Galabru n’avait pas tourné dans un grand nombre de navets, ça se saurait…

Bref, heureusement qu’Alain Chabat a réussi son Astérix Mission Cléopâtre, car sinon les adaptations de l’univers de Goscinny à l’écran tourneraient toutes à la catastrophe. La pression est maintenant sur Lucky Luke qui sort dans les semaines à venir. De toute façon, il y’a peu de chance qu’il fasse pire que ce Petit Nicolas qui est un petit, mais alors un tout petit film.

Fiche technique :
Production : Fidélité, Imav
Distribution : Wild Bunch distribution
Réalisation : Laurent Tirard
Scénario : Laurent Tirard, Grégoire Vigneron, Alain Chabat, d’après l’oeuvre de Sempé et Goscinny
Montage : Valérie Deseine
Photo : Denis Rouden
Format : 1.85, Dolby SRD DTS
Décors : Françoise Dupertuis
Musique : Klaus Badelt, Renan Luce (chanson)
Costumes : Pierre-Jean Laroque
Durée : 90 mn

Casting :
Maxime Godart : Nicolas
Valérie Lemercier : La maman
Kad Merad : Le papa
Sandrine Kiberlain : la maîtresse
Daniel Prévost : M. Moucheboume
Anémone : Mlle Navarrin
François-Xavier Demaison : Le bouillon
Michel Galabru : Le Ministre
Louise Bourgoin : La fleuriste 

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