TETRO : Sublime, mais…

tetroafficheFrancis Ford Coppola nous avait offert la dernière fois un Homme sans Age qui avait profondément divisé la planète cinéma. Il revient avec Tetro qui ne manquera pas non plus de faire débat. Il nous livre un nouveau film personnel et intimiste, comme ceux du début de sa carrière et avant qu’il ne devienne le réalisateur du Parrain. Heureusement, ce coup-ci, son film est doté d’un scénario compréhensible et digne d’intérêt. Reste ensuite la manière, à la fois magnifique et déroutante.

Bennie débarque à Bueno Aires pour retrouver son frère qui a rompu tout lien avec sa famille depuis plusieurs années déjà. Mais les retrouvailles sont beaucoup moins chaleureuses qu’espérées. Bennie cherche des réponses aux mystères qui pèsent sur le passé de sa famille, mais Tetro, son frère, n’a aucunement l’intention de lui ouvrir son cœur et ses souvenirs.

Tetro vient s’ajouter à la longue liste des films sur la famille qui vous fait aimer la vôtre. C’est un film sur la figure du père, parfois destructrice, et la rivalité au sein de la fratrie. Le film commence dans les non-dits avant que chacun des personnages ne se dévoile peu à peu. Le tableau familial se dessine pièce à pièce, avant que la dernière ne donne un tout autre sens à l’ensemble.

Le tout est filmé dans un noir et blanc absolument fabuleux. Le travail de photographie est ici sublime, donnant à cette histoire un aspect « hors du temps » qui ne fait qu’en renforcer la portée universelle. Tetro est littéralement beau à regarder. Le jeu des acteurs est sublimé par les jeux de lumières qui valent bien tous les effets de caméra. On sent ici la patte du très grand cinéaste qu’est Francis Ford Coppola.

tetroMais à côté de ça, le rythme donné à la narration laisse circonspect. Ce n’est pas vraiment que l’on s’ennuie devant Tetro, mais on n’a quelque fois envie de sortir pour pousser et aider le train à aller plus vite (spéciale dédicace au RER C, même quand il n’y a pas d’accident). On a parfois l’impression qu’à force d’avoir travaillé l’esthétique, Coppola en oublie un peu de faire avancer l’histoire. C’est dommage, car à force de diluer le propos, il perd en impact et en force.

De Tetro, on retiendra également la performance éblouissante de Vincent Gallo, pourtant plutôt habitué aux petites rôles ou aux série B. Il prouve encore une fois la formidable richesse du cinéma américain, mais aussi les talents de direction de Francis Ford Coppola qui n’a plus rien à prouver dans ce domaine depuis longtemps. En face de lui, le jeune Alden Ehrenreich, qui tient là son premier grand rôle, est plus palot, mais c’est aussi le personnage qui veut ça.

Tetro est donc un film que seul un très grand cinéaste aurait pu réaliser. Mais il laisse tout de même un rien sur sa faim. Trop proche de l’exercice de style, il lui manque ce supplément d’âme qui propulserait le spectateur réellement au cœur de l’histoire. Malheureusement, il reste un peu trop comme un visiteur de musée devant un tableau.

Un tableau magnifique certes, mais un tableau, pas un film…

Fiche technique :
 Production : Americain Zoetrope, BIM, INCAAn Rornasol, Zoetropa
Réalisation : Francis Ford Coppola
Scénario : Francis Ford Coppola
Montage : Walter Murch
Photo : Mihai Malaimare Jr.
Décors : Paulina López Meyer
Distribution : Memento films
Son : Vicente d’Elia
Musique : Osvaldo Golijov
Costumes: Cecilia Montiel
Durée : 127 mn

Casting :
Alden Ehrenreich : Bennie
Maribel Verdu : Miranda
Vincent Gallo : Tetro
Klaus Maria Brandauer : Carlo
Carmen Maura : Alone

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