BRIGHT STAR : Trop d’émotion tue l’émotion

brigthstarafficheJane Campion est la première femme à avoir remporter la Palme d’Or au Festival de Cannes, avec la Leçon de Piano, en 1992. Elle est connue pour un cinéma débordant de sensibilité. Une sensibilité toute féminine diront certains. C’est peut-être pour ça que j’accroche rarement avec ses films. Et malheureusement, Bright Star, son dernier film, ne déroge pas à la règle.

John Keats, qui, à 23 ans, ignorait qu’il allait rester pour l’éternité un de plus grands poètes romantiques, et Fanny Brawne, sa voisine, s’aiment. Malheureusement, leur amour est contrarié par bien des obstacles : le manque d’argent, leur entourage…

Bref, Bright Star est une histoire aussi vieille comme le monde. Celui de l’amour impossible, ou du moins fort contrarié, qui va consumer deux êtres qui ne peuvent renoncer à leurs sentiments. Depuis Romeo et Juliette, on n’a pas vraiment fait mieux et ce n’est pas ce film qui va y arriver. Pourtant, tout était réuni pour faire de cette histoire un grand film.

Jane Campion sait tenir une caméra, je ne pourrais jamais lui enlever ça. Il y’a une vraie élégance dans sa mise en scène, dans les angles de prise de vue, dans le montage, la photographie… Bref, elle démontre qu’elle est une grande cinéaste avec un vrai sens artistique. Encore une qualité toute féminine oseront certains… Pour le coup, je ne suis pas loin d’être d’accord avec eux.

Le travail de direction d’acteurs est lui aussi remarquable. Le couple Ben Wishaw et Abbie Cornish n’est pas à proprement parler un couple de stars, mais fonctionne à la perfection. Si le cinéma de Jane Campion est autant apprécié, c’est sûrement parce qu’elle sait, comme nul autre, faire ressortir les sentiments du plus profond de ses personnages. Le moindre geste, le moindre sourire est plus chargé en émotion que toute la filmographie de Roland Emmerich (ou je sais, elle était facile celle-là…).

brigthstarMais alors, avec tout ça, comment Bright Star n’a-t-il pas réussi à déchaîner mon enthousiasme ? Et bien, malgré toutes ses qualités de forme, il souffre d’un immense défaut : une histoire comme celle-là devrait sans peine arracher des torrents de larmes au spectateur. Malheureusement, au final, si on a une très légère envie de sangloter, on garde tout le temps une certaine réserve face à ce film peut-être trop impersonnel à force d’être parfait. L’émotion est bien là, mais trop pure pour toucher vraiment. Trop d’émotion tue l’émotion.

Bright Star est emplis du romantisme littéraire qui caractérise si bien l’époque à laquelle écrivait John Keats. Mais le papier n’est pas l’écran. L’imagination y joue un rôle moins important alors le processus d’identification marche moins facilement. On a beau déjà avoir été fou amoureux, on aura bien du mal à se reconnaître dans un des deux protagonistes. On reste donc constamment en dehors du film, qui est un spectacle magnifiquement réalisé, mais dans lequel on aimerait tant pouvoir vraiment entrer.

Bright Star, comme la Leçon de Piano avant lui, me laisse donc largement sur ma faim. Je ne doute pas qu’il ravira le cœur de bien des spectateurs et des spectatrices. Mais le mien est reste bien froid !

Fiche technique :
Production : Pathé, Screen Australia, BBC Films, UK Film Council
Réalisation : Jane Campion
Scénario : Jane Campion, d’après la biographie d’Andrew Motion
Montage : Alexandre de Franceschi
Photo : Greig Fraser
Décors : Janet Patterson
Distribution : Pathé distribution
Musique : Mark Bradshaw
Costumes: Janet Patterson
Durée : 119 mn

Casting :
Ben Whishaw : John Keats
Abbie Cornish : Fanny Brawne
Paul Schneider : Mr Brown
Kerry Fox : Mrs Brawne
Edie Martin : Toots
Thomas Brodie Sangster : Samuel

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