INVICTUS : un rêve ovale

invictusafficheTous les sports ne sont pas cinémagéniques. Si la boxe l’est (Raging Bull), le football ne l’est pas du tout (A nous la victoire). En fait, plus globalement, les sports de combat se prêtent tout à fait à servir de support à un film, les sports collectifs beaucoup moins. Qu’en est-il du rugby qui est un peu les deux ? On ignorait la réponse avant qu’Invictus, le nouveau film de Clint Eastwood, vienne apporter la réponse. Et la réponse est largement positive.

Nelson Mandela vient d’être élu Président de l’Afrique du Sud. Mais l’apartheid est encore présent dans toutes les têtes et divisent toujours profondément la nation. En sport aussi. Les blancs jouent au rugby, les noirs au football. Il décide alors de se servir de la prochaine Coupe du Monde de rugby organisée dans son pays pour enfin unir son peuple.

Invictus est largement plus un film politique qu’un film de sport. Seule sa dernière demi-heure nous plonge vraiment au cœur du terrain. Mais quelle demi-heure ! Honnêtement, j’ai retrouvé en regardant ce film les émotions que j’ai pu vivre en étant moi-même sur un terrain. Filmé largement en caméra suggestive, certains plans vous feront vivre ce que c’est de foncer tête baissée vers trois armoires à glace qui n’ont qu’une seule idée, celle de vous plaquer violemment au sol. Et ce de manière totalement volontaire ! Mais non, jouer au rugby n’a rien de masochiste…Enfin ce n’est pas le débat ici.

Le pari n’était pas évident à relever. Déjà parce que filmer un sport n’est pas facile, surtout quand on est un réalisateur qui ignore tout de ce dernier. Les anecdotes d’ailleurs ne manquent pas concernant l’étonnement de Clint Eastwood sur l’absence de protection… Ah les Américains… Bref, évidemment quand c’est un génie comme notre cow-boy préféré qui s’y colle, malgré la difficulté du challenge, la réussite est au rendez-vous. Il réussit même le double exploit de rendre passionnant la finale contre la Nouvelle-Zélande, qui avait été en vrai très ennuyeuse à suivre en dehors de l’enjeu, et surtout de faire de Matt Damon un François Pienaar crédible, malgré une légère différence de gabarit entre l’acteur et son modèle.

invictusAlors, évidemment, on pourra regretter que la demi-finale contre la France, qui fut un magnifique moment de rugby, soit tout juste évoquée. Vous ne verrez donc pas dans Invictus Abdelatif Benazzi échouer à 5 centimètres de l’en-but sud-africain, quelques secondes avant le coup de sifflet final. D’un autre côté, cela nous épargne également de revivre l’arbitrage très particulier de Monsieur Bevan. Les plus pointilleux regretteront que soit passé sous silence le mystérieux empoisonnement de l’équipe de Nouvelle-Zélande quelques jours avant la finale…

Vous l’aurez compris, tout dans Invictus est un peu idéalisé. Ce film cherche à faire passer un message qui va bien au-delà du rugby. C’est d’ailleurs la seule image de Nelson Mandela arrivant sur la pelouse avec le maillot de l’Afrique du Sud que la postérité a retenu. Heureusement, en 1998, tout le monde a oublié Jacques Chirac avec son maillot qui le boudine par dessus sa chemise et sa cravate… mais encore une fois, c’est un autre débat. Ce film nous raconte une moment de légende. Comme toutes les légendes, la vérité est forcément un peu déformée et enjolivée. Mais qu’importe si l’histoire est belle et si le message est fort.

Invictus n’est sans doute pas le Clint Eastwood le plus inoubliable, mais c’est un vrai moment beau moment de cinéma… et d’espoir !

Fiche technique :
Production : Spyglass Ent., Revelations Ent., Mace Neufeld, Malpaso
Distribution : Warner Bros Pictures France
Réalisation : Clint Eastwood
Scénario : Anthony Peckham, d’après le livre de John Carlin
Montage : Joel Cpx Gary D. Roach
Photo : Tom Stern
Décors : James J. Murakami
Musique : Kyle Eastwood, Michael Stevens
Costumes : Deborah Cooper
Durée : 132 mn

Casting :
Morgan Freeman : Nelson Mandela
Matt Damon : François Pienaar
Tony Kgoroge : Jason Tshabalala
Patrick Mofokeng : Linga Moonsamy
Matt Stern : Hendrick Booyens

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