UNE SECONDE CHANCE POUR LE MORTS (Charles Willeford) : Je vous présente Hoke Moseley

unesecondechancepourlesmortsDans un roman policier, il y’a généralement deux centres d’intérêt. Tout d’abord, évidemment, l’enquête qui sert de fil rouge à la trame narrative, pouvant être plus ou moins passionnante, plus ou moins chargée de suspense et de rebondissements. Ensuite, il y’a la vie du policier à côté de ça, sa personnalité, les emmerdes de sa vie personnelle (étrangement souvent liée à sa femme…). Un bon roman policier est souvent un subtil équilibre entre ses deux aspects. C’est effectivement le cas de Une Seconde Chance pour les Morts de Charles Willeford.

Le Sergent Hoke Moseley se voit attribuer la mission de réexaminer 50 affaires plus ou moins classées par la police de Miami, alors qu’il enquête déjà sur une mort suspecte par overdose. Si cela ne suffisait pas, il doit trouver d’urgence un nouveau logement. Et pour couronner le tout, son ex-femme part en Californie suivre son nouveau compagnon, en laissant derrière elle leurs deux filles.

Si Une Seconde Chance pour les Morts ne marquera pas profondément l’histoire du genre, il constitue un roman policier fort sympathique. Certains trouveront peut-être la partie « enquête » un peu trop légère. Il est vrai que si on prend plaisir à lire ce livre, c’est surtout que l’on s’attache très facilement à son héros. Un héros qui prend avec philosophie les emmerdes qui s’accumulent. Avec son air détaché, il n’est pas moins attentionné envers autrui, même si l’expression de ses sentiments n’est pas son fort. Bref, un personnage dans lequel on peut plus ou moins se reconnaître, même si on ne sent pas du tout dans la peau d’un inspecteur de police de Miami.

Une Seconde Chance pour les Morts n’est pas vraiment un roman noir. Bien sûr, il nous plonge dans un univers moins glamour que celui de Nip Tuck, mais tous les personnages gardent cette part d’humanité qui fait que le trait n’est ni grossier, ni exagérément noirci. Certains trouveront peut-être que cela donne une impression que ce roman navigue entre deux eaux, mais pour moi il lui permet surtout d’échapper à la caricature et aux poncifs du genre.

Le style de Charles Willeford est clair et agréable. Le passage d’un aspect à l’autre de l’histoire se fait sans heurts, surtout qu’ils sont souvent étroitement mêlés. On ne voit pas les pages passées. Si le fond n’est pas inoubliable, le style léger lui correspond très bien et fait de ce film un bon moment à passer derrière un bouquin. Le personnage de Hoke Moseley est un personnage récurent et Une Seconde Chance pour les Morts donne envie de découvrir le reste de ses aventures, sans pour autant nécessiter de vendre père et mère pour cela.

Une Seconde Chance pour les Morts est donc à réserver aux amateurs de polars. Ils y trouveront là un univers familier, mais un récit plutôt original. Encore une fois, cela a peu de chance de devenir un livre culte, mais cela se lit avec le plus grand des plaisirs. Pour les rétifs au genre, passez votre chemin. Quitte à en lire un par décennie, on peut trouver mieux à tout point de vue, même si Hoke Moseley possède son charme bien à lui. Suffisant pour séduire les lecteurs assidus de romans policiers, mais pas tout à fait pour les autres.

Une Seconde Chance pour les Morts peut donc être lu sans crainte si jamais il vous tombe sous la main. Sinon, inutile de menacer de mort votre libraire s’il n’en a plus en stock. En plus, vous risque d’avoir Hoke Moseley à vos trousses !

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