RETRAITER LES RETRAITES

retraiteDepuis que je suis tout petit, j’entends parler de la réforme nécessaire de notre système de retraite qui serait menacé de faillite. Cette idée, brandie constamment par la droite et également parfois par la gauche, semble un fait incontestable et établi. Mais comme souvent pour ce genre d’idée, si on prend le temps de réfléchir cinq minutes, ce que nous faisons trop peu souvent, on est quand même en droit de demander si tout cela mérite la certitude qui semble habiter les esprits.

Ah mais oui, j’oublie le baby-boom qui va faire exploser brutalement le nombre de retraités et pour longtemps… Effectivement, les projections démographiques de 1995, pour le premier projet de réforme par le gouvernement Juppé, avançaient des chiffres très inquiétants. Depuis l’INSEE a largement révisé ses prévisions dans un sens favorable sans que cela fasse ciller l’UMP ou le MEDEF. Mais que le poids des retraites dans le PIB va augmenter est un fait incontestable…

Et là encore, il serait bon de ne pas s’arrêter à cette idée visiblement simple et se demander si cela est si grave que ça. Et là, il est bon de regarder un peu en arrière. En 1959, les retraites représentaient 5,4% du PIB. En 2003, 12%… A ma connaissance cette augmentation n’a pas transformé la France en pays du Tiers-Monde. Aucun effondrement de l’économie n’a eu lieu, du moins pas pour cette raison. Si on ne fait rien, en 2040 le poids des retraites représenterait 18,5% du PIB, soit, en fait, une augmentation comparable à celles des décennies précédentes. Au-delà de cette date, ce chiffre devrait se stabiliser.

Il n’y a donc pas d’effondrement du système de retraite de prévu. Au-delà d’une augmentation des taux, c’est surtout un élargissement des assiettes des cotisations, auxquelles échappent encore trop de revenus financiers, qui permettra d’augmenter le part des retraites dans le PIB, ce qu’on a toujours fait, on le répète, sans que cela ne soit plus douloureux qu’avant.

Pour autant, doit-on être foncièrement hostile au recul de l’âge légal de la retraite ? Pour moi, la réponse est non, mais pas du tout pour les raisons mis en avant par le patronat. Et surtout pas du tout avec le même calendrier. L’évolution de la pyramide des âges ne va pas aboutir à la ruine du système par répartition, mais un problème d’organisation de la société. Cette dernière a besoin pour fonctionner d’une population active suffisamment nombreuse. S’il faudra travailler plus longtemps, ce sera pour répondre à un besoin sociétal, non purement financier… mais bon ce genre de raisonnement est intellectuellement hors de portée d’une large partie de la classe politique, sans même parler du MEDEF.

Le MEDEF d’ailleurs parlons-en. Anne Parisot va quand même très loin dans le foutage de gueule. Comment ose-t-elle clamer si fort la nécessité de faire travailler les gens plus longtemps alors qu’elle et ses petits copains s’empresse de foutre à la porte les salariés de plus de 55 ans. Quand ce mal français sera enfin vaincu, on en reparlera. Et ce mal français est avant tout ancré dans la culture du management des patrons des grandes entreprises française qui n’aiment ni les jeunes diplômés, ni les salariés proches de la retraite. Et ainsi, ils privent la société française d’une richesse qui vaut bien tous les points de PIB consacré à payer les retraites.

Le débat qui s’annonce ne pourra aboutir sur une réforme réellement juste et efficace. Trop d’idées préconçues et de mauvaise foi habitent l’ensemble des acteurs présents autour de la table. Le problème, c’est que ces braves gens vont décider de notre avenir à tous ! C’est quand que j’ouvre mon Plan d’Epargne Retraite ?

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