SOUL KITCHEN : Tous à table !

soulkitchenafficheDepuis quelques années, le cinéma allemand nous offre régulièrement de très bons films. Alors que les années 80-90 furent marquées par Wim Wenders, un réalisateur que j’admire beaucoup, mais qui donne souvent, avouons-le, dans le chiant, voire l’utrachiant. Les années 2000 nous ont refait découvrir que les Allemands savaient aussi rire et divertir. La décennie qui commence semble être partie sur le même rythme avec le très réjouissant Soul Kitchen.

Zinos tient un restaurant minable près du port de Hambourg. Il va surtout connaître toute une série de déboires : une hernie, un contrôle fiscal, la perte de ses clients, sa copine qui part travailler en Chine et l’inspection des services d’hygiène qui vient lui demander de refaire sa cuisine. Mais Zinos a de la ressource, aidé, souvent contre son gré, par son frère qui vient de sortir de prison.

Soul Kitchen est un film à la fois drôle et attachant. Drôle car certaines situations sont vraiment hilarantes et attachant car on tombe amoureux des personnages. Ces derniers sont à ranger dans la rubrique « loosers sympathiques », pas si looser que ça si on en croit les trésors d’énergie et de débrouillardise qu’ils sont capables de déployer quand les circonstances l’exigent. Zinos est souvent dépassé par les évènements, mais jamais il ne baisse les bras et part à l’assaut de ses problèmes avec un enthousiasme communicatif.

Soul Kitchen ne paye pas de mine. Rien n’y est spectaculaire, ni le scénario, ni le casting. La caméra de Fatih Akin est élégante, mais sobre. Mais voilà, telle une recette de cuisine, ce film vaut bien plus que la somme de ses ingrédients. On se laisse juste charmer, on rit, on sourit, on espère avec les personnages. Ca reste léger, jamais lourd. Bref, tout simplement réellement divertissant, c’est l’essentiel, mais avec cette petite pointe d’humanisme qui donne un supplément d’âme et de charme à ce film.

Toutes ces qualités nous permettent aisément de pardonner les moments où le film patine un peu plus. Comme toutes les comédies (à part l’Arnacoeur !), Soul Kitchen est ponctué de petites baisses de rythme. Mais bon, l’histoire retrouve vite son souffle et on suit les mésaventures des deux frangins avec un enthousiasme qui ne faiblit que rarement. Certes, le film n’est pas inoubliable, mais nous offre un vrai moment de détente.

soulkitchenLa vraie révélation de Soul Kitchen est Adam Bousdoukos qui porte réellement le film sur ses épaules. Là aussi, tout n’est pas totalement parfait, mais la performance est assez remarquable pour que le film fonctionne et que l’attachement du spectateur soit maximal. Mais c’est le casting tout entier qui est à saluer, avec un bravo particulier à Birol Unel, qui interprète un chef cuisinier particulièrement déjanté.

Soul Kitchen est donc typique d’un cinéma « indépendant » qui sait donner beaucoup avec peu, si ce n’est de l’imagination et du talent. Il permet aussi de montrer que Fatih Akin est un cinéaste très complet puisque son précédent succès, l’Autre Côté, était aussi très réussi, mais sur un ton beaucoup plus grave. Espérons que ces productions continueront à être distribuées en France et qu’elles seront dans la même veine.

Soul Kitchen est donc à mettre dans toutes les assiettes… et surtout devant tous les yeux !

Fiche technique :
Production : Corazon International, Pyramide Productions
Distribution : Pyramide Distribution
Réalisation : Fatih Akin
Scénario : Fatih Akin, Adam Bousdoukos
Montage : Andrew Bird
Photo : Rainer Klausmann
Décors : Rainer Klausmann
Son : Kai Lüde
Musique : Pia Hoffmann, Klaus Maeck
Durée : 99 mn

Casting :
Lucas Gregorowicz : Lutz
Adam Bousdoukos : Zinos
Moritz Bleibtreu : Illias
Anna Bederke : Lucia
Pheline Roggan : Nadine
Birol Ünel : Shayn
Wotan Wilke Möhring : Neumann
Dorka Gryllus : Anna

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