GREEN ZONE : Mais où sont donc passées les armes de destruction massive ?

greenzoneafficheC’est un beau roman, c’est une belle histoire… Mais, me direz-vous, que vient faire une chanson d’amour pour introduire la critique d’un film sur la guerre en Irak ? C’est juste que je ne parle pas ici du contenu du film, mais de la passion que vit le couple Matt Damon-Paul Greengrass, qui rappelle l’idylle entre Tim Burton et Johnny Depp. Pour le meilleur ou pour le pire ? Avec Green Zone, on a plutôt droit au meilleur, mais comme dans toute relation, il y’a forcément aspects plus orageux.

En 2003, alors que l’armée américaine a pris le contrôle de Bagdad, l’adjudant-chef Roy Miller est chargé de retrouver les armes de destruction massive. Donc autant dire qu’il ne trouve pas grand chose, et il commence à trouver ça franchement louche. Mais son état-major s’entête à lui assurer la fiabilité des informations fournies par un mystérieux informateur que le Pentagone garde dans le plus grand secret. Il trouve néanmoins un soutien auprès de Martin Brown, un vétéran de la CIA, qui souhaite de son côté avant tout s’appuyer sur ce qui reste de l’armée et l’administration irakienne.

Ce qu’il y’a de bien avec les Américains, c’est que quand ils décident de s’autoflageller, ils n’y vont pas avec le dos de la main morte, comme on dit dans les milieux autorisés. Chez nous, il faudrait 50 à 60 ans pour faire un film comme Green Zone. Au moins, le propos est clair et sans fioriture. A la fois, s’il y’avait vraiment eu ne serait-ce qu’une ombre d’arme de destruction massive en Irak, on le saurait depuis le temps. De toute façon, tout ça est au service d’un scénario béton et c’est tout ce qui compte.

Les films sur fond de géopolitique souffrent souvent d’un manque de clarté. Ce n’est pas du tout le cas de Green Zone. Certes, cela tient surtout au fait que le rôle et le positionnement de chaque personnage est clairement identifié. Du coup, on pourra trouver que leur psychologie est un peu simpliste, mais c’est peut-être le prix à payer pour un scénario facile à suivre et sans être pour autant dénué de rebondissements.

greenzonePar contre, Green Zone souffre d’un gros point noir. C’est sa réalisation. Si Peter Greengrass nous avait déjà prouvé avec la trilogie Jason Bourne qu’il maîtrisait parfaitement ce genre de scénario, son goût immodéré de la caméra sur l’épaule est peut-être justement quelque peu immodéré. Ajouté à cela le fait qu’il arrive à caser quatre ou cinq plans dans la même seconde, la nausée n’est pas toujours loin. Et surtout, certaines scènes d’action tournent au n’importe quoi, complètement illisible, avec des gros plans sur des genoux ou des coudes. Ils ne durent qu’un dixième de seconde certes, mais cela fait quelque peu brouillon. Le but est bien sûr de placer le spectateur au cœur de l’action, mais personnellement, mon regard ne change pas de perspective dix fois par seconde dans la vraie vie. Bref, les allergiques à ce style seront carrément dégoûtés, les autres trouveront ça tout de même hyper pénible.

Green Zone a été écrit pour Matt Damon et ça se sent. Cette omniprésente de ce personnage principal paré de toutes les vertus pourra en agacera certains, mais il est interprété avec assez de talent pour cela ne soit pas si dérangeant que ça. Après tout, on est face à une grosse production hollywoodienne avec une tête d’affiche qui nous a poussé à venir voir le film. On ne va pas se plaindre après coup ! Néanmoins, on prendra quand même le temps d’apprécier le duo Brendan Gleeson – Greg Kinnear particulièrement savoureux.

Green Zone est donc avant tout un film d’action, dont on peut apprécier le message, mais aussi regretter la mise en forme.

Fiche technique :
Production : Universal Pictures, Studio Canal, Relativity Media, Working Title Films
Distribution : Universal Pictures International France
Réalisation : Paul Greengrass
Scénario : Brian Helgeland, d’après le livre de Rajiv Chandrasekaran
Montage : Christopher Rouse
Photo : Barry Ackroyd
Décors : Dominic Watkins
Musique : John Powell
Costumes : Sammy Shledon
Durée : 115 mn

Fiche technique :
Matt Damon : Miller
Brendan Gleeson : Martin Brown
Greg Kinnear : Clark Poundstone
Amy Ryan : Lawrie Dayne
Yigal Naor : General Al Rawi
Jason Isaacs : Briggs
 

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