PAS DE LARMES POUR SAMARANCH

juanantoniosamaranchC’est avec stupéfaction que j’ai appris ce matin en ouvrant l’Equipe (qui n’est pas parue pendant deux jours) que Juan Antonio Samaranch était mort ce mercredi. Mon étonnement vient du fait que je suis l’actualité de près, abonné à plusieurs newsletter, et je suis très surpris que cette nouvelle soit passée aussi inaperçue dans la presse.

Juan Antonio Samaranch fut très longtemps un des hommes les plus puissants et influents de notre planète, et ce pendant plus de deux décennies. Il a fait changer le sport de dimension, passant d’un amateurisme revendiqué à une machine médiatique et financière dont il n’existe aucun équivalent. Mais il a aussi fait du Comité International Olympique un haut lieu du clientélisme et du manque de transparence. Il était un vrai homme de pouvoir, dans tout ce qu’il y’a de plus détestable.

C’est aussi sans doute pour ça que le monde a regardé s’éteindre Juan Antonio Samaranch avec une certaine indifférence. Son départ de la Présidence du CIO fut vécu avant tout comme un soulagement après les scandales qui ont éclaté autour de l’attribution des Jeux de Salt Lake City. S’il a été un homme puissant, il n’a jamais vraiment été reconnu comme un grand homme, objet d’admiration. Alors oui, c’est peut-être injuste, mais le monde ne versera que peu de larmes sur Juan Antonio Samaranch.

Et en France en particulier, on peut avoir une dent contre lui. Ce n’est pas à cause de son passé de ministre franquiste, mais bien parce que Paris a été une des principales victimes de ses manipulations multiples. Pour les JO de 1992, la capitale française avait renoncé à la candidature pour laisser le champ libre à Barcelone. Un retour d’ascenseur avait été promis. Ce dernier aurait du intervenir pour les JO de 2008. Juan Antonio Samaranch poussa Paris à la candidature avant de tout faire pour que Pékin l’emporte. Il voulait que la capitale chinoise remporte la victoire devant un adversaire de prestige. Paris fut donc le dindon de la farce. Il aurait pu se rattraper quatre ans plus tard, mais il préféra chercher à obtenir un cadeau d’adieu avec la victoire de Madrid. On pourra se consoler en se disant que le monde olympique lui avait déjà tourné le dos en offrant les Jeux à Londres.

Un homme de pouvoir meurt quand il le perd. Alors quelque part, Juan Antonio Samaranch était déjà mort bien avant mercredi.

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