ENTER THE VOID : Overdose

enterthevoidafficheLe moins que l’on puisse dire, c’est que Gaspard Noé n’est pas vraiment un réalisateur qui cherche à être consensuel. Son premier film, Irréversible, avait déjà suscité débat et polémique. La forme était assez révolutionnaire, le fond était parfois à la limite de l’insoutenable, avec notamment une scène de viol particulièrement dure. Enter The Void reproduit à peu près le même schéma. Une forme remarquablement originale, mais un fond nettement moins convaincant. Et pour un film de 2h30, ça ne pardonne pas.

Oscar vit à Tokyo, où il deale et s’occupe de sa petite sœur, Linda. Mais lors d’une altercation avec la police, il est abattu. Son âme s’élève alors au dessus de son corps. Il pourra alors revivre sa propre expérience et assister aux évènements qui suivront son décès.

Enter The Void, pendant une petite demi-heure, nous permet de suivre les dernières heures d’Oscar en caméra subjective. Il nous fait partager l’altération de sa perception par les drogues qu’il consomme. Une sorte de trip psychédélique cinématographique qui constitue une vraie expérience artistique. Puis, on change de point de vue en épousant le point de vue de son âme qui flotte au-dessus de Tokyo. L’ensemble des évènements seront donc désormais vus du dessus, à part les quelques flash-backs. Là encore, c’est original, perturbant, mais… et c’est un gros mais, un très gros mais, pendant plus de deux heures, c’est carrément pénible.

On ne pourra pas reprocher à Gaspard Noé de ne pas avoir exploité son concept visuel jusqu’au bout. D’un point vue « l’art pour l’art », Enter The Void est un film vraiment exceptionnel, car il est désormais extrêmement rare de pouvoir assister à un spectacle cinématographique aussi radicalement nouveau. Mais voilà, totalement centré sur son idée géniale, il oublie totalement le reste et notamment le spectateur, ce qui est quand même relativement regrettable. Il ne semble jamais être maître de son sujet, allant jusqu’à sombrer dans le ridicule par un des derniers plans du film qui a provoqué l’hilarité de la salle. Et croyez-moi bien que ce n’était pas du tout l’idée du réalisateur !

enterthevoidEnter The Void en oublie donc d’être génial à force de se prendre au se prendre au sérieux. Et encore une fois, la longueur du film rend le tout insupportablement pénible. Tenir jusqu’au bout est extrêmement courageux (ce ne fut pas le cas de tout le monde dans la salle), tant la curiosité du début fait rapidement place à une envie que tout cela se termine enfin. Dans un film qui parle autant de drogue, un mot vient immédiatement à l’esprit pour qualifier la sensation transmise par ce film : overdose. Overdose d’images, de musique, de cette histoire qui n’en finit pas, de lumières, de sons. Overdose de tout en fait.

Enter The Void est particulièrement cru, avec notamment des scènes sexuelles très explicites. Cela ne poserait évidemment pas un problème en soi, si le tout n’était pas à nouveau exploité jusqu’à la nausée. Les dix dernières minutes, notamment, n’en finissent plus de finir, avant de s’achever sur le grand éclat de rire que j’ai évoqué plus haut. Gaspard Noé en fait trop, beaucoup trop, infiniment trop.

Enter The Void est un film unique, un objet cinématographique d’exception. Mais, final, il s’agit surtout d’un film incroyablement prétentieux et surtout vous fait vivre une impression d’ennui aussi exceptionnel que l’expérience visuelle qu’il propose.

Fiche technique :
Production : Wild bunch
Réalisation : Gaspar Noe
Scénario : Gaspar Noe
Montage : Gaspar Noe, Marc Boucrot, Jérôme Pesnel
Photo : Benoit Bebie
Décors : Marc Caro
Distribution : Wild bunch distribution
Musique : Thomas Bangalter
Durée : 165 mn

Casting :
Masato Tanno : Mario
Olly Alexander : Victor
Nathaniel Brown : Oscar
Paz de la Huerta : Linda
Cyril Roy : Alex 

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