COPACABANA : Le fléau des inégalités

copacabanaafficheDans un film, faut une introduction, un cœur d’intrigue et une fin. L’équilibre entre les trois, niveau longueur, peut varier d’un film à l’autre, mais la partie du milieu doit quand même être de loin la plus longue. Quand l’introduction s’étire sur près de la moitié du film, on peut estimer que ce dernier n’est pas très bien équilibré. C’est malheureusement le cas de Copacabana, qui sans cela aurait été un petit film particulièrement réjouissant.

Babou n’est pas tout à fait une bonne mère de famille rangée. Elle est plutôt fofolle, excentrique et passablement instable. Mais quand sa fille lui annonce qu’elle ne l’invitera pas à son mariage pour ne pas qu’elle lui fasse honte devant sa belle famille, elle commence sérieusement à se remettre en question. Elle accepte alors de partir à Ostende, en Belgique, pour occuper un poste de commerciale en immobilier.

Bon, voilà, le synopsis décrit comme ça paraît un peu léger… Surtout que tout ça occupe une bonne moitié du film. Après, Copacabana devient une comédie humaniste intelligente et bien sentie. Certes, cela valait le coup d’attendre, mais c’est vraiment dommage que le film mette autant de temps à vraiment démarrer. Il vaut mieux un déséquilibre dans ce sens, certes, cela permet de sortir sur une bonne impression, mais tout de même, cela constitue un petit gâchis.

Surtout, que dans sa longue introduction, le personnage principal, magistralement interprété par Isabelle Huppert, est plutôt tête à claques et horripilant. Ce qui est intéressant, c’est évidemment l’évolution du personnage, mais on a ici largement le temps de se dire qu’on ne va pas arriver à le supporter sur les 1h40 que durent ce film. Tout change par la suite, mais cela ne fait pas vraiment démarrer Copacabana du meilleur pied.

Enfin, voilà, on ne va pas épiloguer cent sept ans. Concentrons-nous plutôt sur cette seconde partie qui fait tout de même de Copacabana un film agréable à suivre, même si le voir à la télé sera tout aussi bien. Babou se retrouve comme un chien dans un jeu de quilles au milieu de ses collègues aussi looser qu’elle, sauf qu’eux ne l’assument pas, puisqu’ils ne l’ont pas choisi. C’est ce contraste qui constitue le principal ressort de l’intrigue et qui nous permet surtout de finalement ressentir un fort attachement avec le personnage principal.

copacabanaL’autre axe fort réside dans la relation entre la mère et la fille. Mais le personnage de Babou vampirise trop le film pour que cet aspect soit vraiment intéressant. En fait, tous les personnages secondaires ne sont que des éléments du décor dans lequel Isabelle Huppert évolue. C’est sans doute là la plus grande limite de Copacabana, même dans sa seconde partie.

Vous l’aurez compris, Copacabana repose en grande partie, voire exclusivement, sur les épaules d’Isabelle Huppert, qui heureusement les possède assez larges. On donnerait presque ici dans le one woman show, mais vu le talent en présence, ce n’est pas forcément gênant. Elle s’amuse visiblement beaucoup dans ce rôle de femme bohême et libérée, mais dont la quête de liberté lui a parfois fait perdre le sens des réalités et a nuit à ses relations avec les autres.

Copacabana est donc un film inégal, quelque peu inabouti, mais qu’Isabelle éclabousse assez de sa classe pendant une très bonne deuxième moitié pour meubler agréablement un soir de pluie.

Fiche technique :
Production : Avenue B productions, Arte France Cinéma, Mars Films, Caviar Films
Réalisation : Marc Fitoussi
Scénario : Marc Fitoussi
Montage : Martine Giordano
Photo : Hélène Louvart
Décors : Michel Barthélémy
Distribution : Mars distribution
Musique : Tim Gane, Sean O’Hagan
Costumes: Anne Schotte
Durée : 107 mn

Casting :
Isabelle Huppert : Babou
Aure Atika : Lydie
Lolita Chammah : Esméralda
Jurgen Delnaet : Bart
Chantal Banlier : Irène
Magali Woch : Sophie
Joachim Lombard : Justin
Noémie Lvovsky : Suzanne
Luis Rego : Patrice

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