DES HOMMES ET DES DIEUX : Des hommes avant tout

deshommesetdesdieuxafficheJusqu’à présent, le palmarès du Festival de Cannes. Après Poetry, prix du scénario, que je n’ai pas aimé (mais ça reste un avis personnel) et surtout Oncle Boonmee, Palme d’Or, qui n’est pour moi qu’une vaste escroquerie, je me suis attaqué au Prix du Jury avec un film français, Des Hommes et des Dieux, sur un sujet difficile. En effet, il nous raconte les derniers mois des moines de Tibhirine, assassiné au printemps 1996 en Algérie.

Frère Christian dirige le monastère de Thibhirine, au cœur de l’Algérie, avec 7 autres moines trappistes. Ils sont aimés et respectés des villages alentours, dont la population vient se soigner au monastère. Mais partout dans le pays, la guerre civile fait rage. Les assassinats se multiplient et les moines apparaissent comme une cible idéale. Parmi eu, la peur monte et ils commencent à s’interroger sur la perspective d’un éventuel départ.

Des Hommes et des Dieux est un film en deux temps. Dans un premier tiers, Xavier Beauvois nous présente ces hommes dans leur relation avec la population locale, leur travail au quotidien et le respect mutuel qui s’est instauré entre les communautés. Puis, le film se resserre peu à peu autour des moines pour se focaliser sur eux. Se focaliser surtout sur l’angoisse et les doutes qui les assaillent. Il s’agit alors d’une magnifique plongée dans l’âme humaine dans des circonstances heureusement peu communes.

Mais Des Hommes et des Dieux n’est en rien un film contemplatif. Un film d’ambiance certes, mais une ambiance incroyablement chargée en émotions extrêmes, qu’elles soient positives ou négatives. La question du départ, l’angoisse qui monte, tous ces éléments contribuent à créer un intérêt narratif constant. Bien sûr, on sait malheureusement comment tout cela va finir, mais le « suspense » est ailleurs. Il est comment des hommes trouveront le courage de rester quand tout semble les conduire à une mort certaine.

Les moines de Des Hommes et des Dieux ne sont pourtant pas des héros, en tout cas pas au sens que donne généralement le cinéma à ce mot. Ce sont des êtres humains dans toute leur complexité. Xavier Beauvois a magistralement su nous le montrer sans jamais tomber ne serait-ce qu’une seule seconde dans le piège de l’hommage ou de l’admiration qui l’auraient conduit à faire des ses hommes plus que ce qu’ils furent, car ce qu’ils furent est déjà bien suffisant.

deshommesetdesdieuxLa réalisation de Xavier Beauvois est réellement remarquable. Discrète, sans fioriture, elle épouse la gravité du sujet. Elle est surtout au service de l’histoire et des acteurs, qui portent trop d’émotions en eux pour s’embarrasser d’effets visuels mal venus. La distribution est tout simplement magistrale, chacun étant à la hauteur d’un rôle qui aurait pu facilement écraser n’importe quel comédien. Le duo Lambert Wilson et Michael Lonsdale est bluffant, même si on ne doutait pas une seule seconde de leur talent. Mais Xavier Beauvois leur offre ici un des plus beaux rôles de leur déjà longue carrière. Ca sent le César amplement mérité.

Des Hommes et des Dieux peut faire peur par la gravité du sujet et une certaine austérité dans le réalisation. Mais il reste un avant tout un film magnifique et poignant, nous offrant une vision tellement plus humaine de l’héroïsme et du courage.

Fiche technique :
Production : Amada Films, Why not productions
Réalisation : Xavier Beavois
Scénario : Xavier Beauvois, Etienne Comar
Montage : Marie-Julie Maille
Photo : Caroline Champetier
Décors : Michel Barthélémy
Distribution : Mars distribution
Son : Jean-Jacques Ferran, Eric Bonnard
Durée : 120 mn

Casting ;
Michael Lonsdale : Luc
Lambert Wilson : Christian
Philippe Laudebach : Célestin
Olivier Rabourdin : Christophe
Jaques Herlin : Amédée
Loïc Pichon : Jean-Pierre
Xavier Maly : Michel
Jean-Marie Frin : Paul
Abdelhafid Metalsi : Nouredine 

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