CAPTIFS : Mais qu’est qu’ils disent ?!!

captifsafficheLe cinéma français s’intéresse à nouveau aux films de genre et c’est tant mieux. Captifs est la dernière sortie en date d’un film hexagonal qui fait peur. Et on ne peut que se réjouir de la belle réussite qu’elle constitue.

Carole, Mathias et Samir viennent de terminer leur mission humanitaire dans un hôpital de l’ex-Yougoslavie. Ils reprennent donc la route de la France, mais suite à une opération de déminage, ils décident de s’aventurer sur les petites routes. Mal leur en prend puisqu’ils tombent dans une embuscade tendue par deux hommes armés. Ils se retrouvent enfermés sans savoir ce que veulent leurs ravisseurs.

Captifs est un film simple, court, sans grand moyen, mais terriblement efficace. Le scénario est réduit à sa plus simple expression, les personnages pas particulièrement fouillés, mais l’essentiel n’est pas là. Il est dans la manière dont Yann Gozlan nous fait partager l’angoisse de ses personnages. Et il y arrive particulièrement bien.

Il suffit souvent d’une idée simple pour contribuer à créer une vraie ambiance oppressante. Par exemple, des ravisseurs qui parlent une langue comprise ni par les personnages, ni par tout spectateur non familier avec le serbo-croate. L’incompréhension est donc totale des deux côtés de l’écran et l’angoisse largement partagée.

Evidemment, cela déshumanise totalement par la même les « méchants » qui, du coup, s’apparentent plus à des rouages du scénario qu’à des protagonistes dotés d’une vraie personnalité. On ne sait rien d’eux, ni au début, ni à la fin, à part leur motivation que l’on finit par comprendre. Mais cela produit l’effet escompté, tant pis pour ceux qui ne jurent que par la psychologie de haute volée.

En fait, nos trois victimes ne sont pas non plus vraiment dotées de plus de profondeur. Yann Gozlan tente timidement de nous donner des éléments sur leur passé pour mieux les comprendre et faire naître un sentiment d’attachement, mais ça ne va pas très loin. On pourrait même se dire qu’il aurait mieux fait de carrément tout zapper, car cette esquisse est, au final assez superflue du fait de son manque d’intérêt.

Captifs prendra donc place parmi les bons huis-clos, où l’étroitesse des murs est au moins aussi oppressante que la perspective de finir… Ah bah non, je ne vais pas non plus vous dévoiler quoique ce soit. La confusion partagée entre les protagonistes et le spectateur est au cœur du mécanisme narratif de ce film. Et, encore une fois, il fonctionne vraiment bien.

captifsCaptifs n’a par contre rien de très original, surtout au niveau de son dénouement. Film de genre, mais qui ne renouvelle pas le genre. On pourrait s’attendre à un peu plus que ça de la part d’un film français, mais bon, on a aussi droit dans notre pays à produire des films qui se situent entre le brillamment génial et le incroyablement chiant.

Captifs bénéficie aussi de la présence de Zoé Felix à l’écran. Mais non, je ne parle pas de sa plastique des plus avenante, mais bien de son charisme et de son talent. Elle n’a rien des blonde à short ultra-court que l’on trouve souvent dans ce genre de production. A ce niveau-là, le film n’a pas voulu reprendre à son compte certains poncifs. Ces deux compagnons à l’écran font vraiment office de faire-valoir, aussi bien au niveau des personnages eux-mêmes que de la qualité de l’interprétation.

Captifs détonne donc dans le paysage du cinéma français, qui a bien du mal à accepter les films de genre comme de réels champs d’expression artistique tout ce qu’il y’a de plus respectable (pourtant même Kubrick s’y est essayé). Il ne restera pas comme un chef-d’œuvre du genre, mais tire le maximum des moyens mis en œuvre. Espérons juste qu’il créera des vocations.

Fiche technique :
Réalisation : Yann Gozlan
Scénario : Yann Gozlan et Guillaume Lemans
Directeur de production : Thomas Jaubert
Directeur de la photographie : Vincent Mathias
Chef décorateur : Philippe Van Herwijnen
Costumier : Mahemiti Deregnaucourt
Monteur : Grégoire Sivan
Directrice du casting : Marie de Laubier
Compositeur :Guillaume Feyler
Ingénieur du son : Frédéric Heinrich

Casting :
Zoé Félix : Carole
Eric Savin : Mathias
Arié Elmaleh : Samir
Ivan Franek : férailleur #1
Igor Skreblin : férailleur #2
Philippe Krhajac : le médecin
Margaux Guenier : Ana

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